La qualité de l’air est « une urgence et une priorité pour le gouvernement », déclarait le ministre de l’Ecologie Philippe Martin, alors que la France a connu un épisode particulièrement aigu de pollution de l’air la semaine du 10 mars. En Chine, la situation est aussi critique avec une visibilité réduite dans les grandes villes. Le pays souffre d’une pollution extrême qu’elle combat avec des restrictions d’immatriculations tandis que la France réduit le trafic. Autres dimensions, autres solutions: le point sur les deux pays qui fêtent 50 ans d’amitié et partagent le même combat: comment protéger ses populations de la pollution de l’air et faire coexister une industrie automobile, source de nombreux emplois ?

« Les 50 accords qui ont été signés aujourd’hui représentent une valeur de 18 milliards d’euros »

C’est ce qu’a déclaré le chef de l’Etat français au côté du Président chinois, Xi Jinping, lors d’une déclaration conjointe à l’Elysée. « Dix-huit milliards d’euros de contrats, c’est de l’emploi, de la croissance et surtout des perspectives d’ampleur pour les années qui viennent », a-t-il souligné.
François Hollande a tout particulièrement salué l’accord signé devant lui en présence de son homologue chinois par PSA Peugeot Citroën, le chinois Dongfeng et l’Etat français quelques instants auparavant à l’Elysée.

« Je veux insister sur un grand projet qui illustre ce que peut être le partenariat franco-chinois à l’avenir », a-t-il déclaré, relevant qu’il ne s’agissait « plus seulement de vendre » mais « d’investir ensemble ».Cet accord, a-t-il fait valoir, « va permettre d’avoir un constructeur à taille mondiale, présent sur tous les marchés ».François Hollande a également noté l' »excellente coopération » franco-chinoise dans le nucléaire civil et l’aéronautique, se félicitant notamment « des accords très importants » conclus mercredi 26 mars dans ces domaines.

En matière nucléaire, l’accord permettra, selon lui, d’étendre le partenariat « à toute la filière, de l’amont vers l’aval du cycle, y compris le retraitement du combustible usagé ». Xi Jinping a célébré pour sa part une visite qu’il a qualifiée d' »événement historique » 50 ans après la reconnaissance de la Chine communiste par le général de Gaulle qui a « profondément marqué » la relation entre les deux pays.Se félicitant d’un « entretien sincère, amical et fructueux » avec le président français, il a estimé que cela avait permis d' »ouvrir une nouvelle époque d’un partenariat étroit et durable ».

Si le vendredi 14 mars a été un des rares jour d’alternance de trafic automobile à Paris après le 3ème jour de dépassement du seuil d’alerte, la Chine prend des mesures bien plus radicales. Le 1er marché mondial automobile souffre d’une pollution extrême due à l’industrie, à l’urbanisation et à la motorisation galopantes, au point que le gouvernement vient de décréter une véritable guerre à la mauvaise qualité de l’air. Ce problème devient une priorité de santé publique bien avant que l’OMS ait révélé que la pollution a provoqué 7 millions de morts dans le monde. Une nouvelle métropole chinoise décide de restreindre drastiquement la circulation pour combattre la pollution et la saturation du trafic. Des mesures draconiennes qui pourraient ralentir la progression du marché.

Hangzhou, une métropole chinoise de neuf millions d’habitants, va comme Pékin restreindre le nombre de plaques d’immatriculation qu’elle délivre tous les ans, afin de réduire la pollution de l’air

Réduire la pollution et les embouteillages sont une priorité. La municipalité de Hangzhou dans l’est de la Chine ne distribuera désormais que 80.000 plaques nouvelles chaque année, dont 80% seront attribuées par tirage au sort tandis que les 20% restantes feront l’objet d’enchères, a indiqué l’agence Chine nouvelle. Seul un participant sur trente au tirage au sort pourra espérer décrocher une plaque, a-t-elle ajouté, citant un responsable municipal. Hangzhou va par ailleurs durcir un système de circulation alternée mis en place dès 2011 – selon lequel les véhicules des particuliers ne peuvent circuler dans la ville que certains jours par semaine, en fonction de leur numéro de plaque.

Cinq autre grandes villes de Chine ont annoncé ou mis en place des restrictions des nouvelles immatriculations qu’elles octroient: Pékin, Shanghai, Guiyang, Canton et Tianjin. Pékin, dont la population dépasse les 20 millions d’habitants, compte 5,3 millions de véhicules et attribue un maximum de 240.000 plaques depuis 2011. La demande est telle que les chances de recevoir une plaque en participant à la loterie municipale sont de une sur 80, selon le quotidien China Daily. Ca, c’est en théorie. Dans la pratique, les « petites combines » permettent à certains de contourner les règles…

Le marché chinois a crû de presque 14% l’an dernier à 21,98 millions de véhicules, faisant du pays le plus grand marché automobile au monde, et de loin. GM et Volkswagen sont les deux premiers constructeurs présents sur place. Mais ces restrictions pourraient finir par ralentir le marché indique Alain-Gabriel Verdevoye pour La Tribune***

L’intérêt de la visite du Président Chinois en France est double signale le quotidien La Tribune***. D’un côté, la deuxième économie mondiale possède les plus importantes réserves en devises au monde, qu’elle cherche à diversifier. Une aubaine pour les entreprises françaises en mal de liquidités qui cherchent à se développer. De l’autre, la Chine opère actuellement une transition vers une économie de marché abritant une importante classe moyenne.

A ce titre, un bon nombre d’expertises françaises, de l’agroalimentaire à la banque et assurance, en passant par les métiers de l’environnement (traitement de l’eau et de l’air) et le nucléaire, ou encore la pharmacie, sont susceptibles d’intéresser les Chinois. En témoignent de nombreuses acquisitions et prises de participations ces dernières années, dans le but de mettre la main sur une technologie donnée, ou de destiner la production à son propre marché. Mais la France n’a que 1% de parts de marchés en Chine, contre 5% pour l’Allemagne. Et les investissements en France représentent moins de 1% des investissements chinois à l’étranger. Bref, sur le plan économique, la France est une goutte d’eau dans l’économie chinoise conclut La Tribune***.

Pollution : L’entreprise japonaise Panasonic va dédommager ses salariés expatriés en Chine

Le géant japonais de l’électronique et de l’électroménager Panasonic prévoit de dédommager financièrement ses salariés expatriés en Chine à cause de la pollution régnant dans la plupart des villes de l’Empire du milieu. « Nous allons étudier une prime spéciale pour les salariés envoyés en Chine compte tenu de la teneur en particules fines dites PM2,5 dans l’air », a expliqué jeudi un porte-parole de Panasonic. Ce sujet a été abordé lors des traditionnelles négociations de printemps entre la direction et les syndicats au Japon, a-t-il précisé. Sont particulièrement pointées du doigt les particules fines, les PM2,5 qui plombent l’air et sont d’autant plus nocives pour la santé qu’elles pénètrent profondément dans le système respiratoire.

L’Organisation mondiale de la santé recommande un plafond maximum de 25 microgrammes de PM2,5 par mètre cube pour une exposition de 24 heures et les autorités chinoises estiment qu’au-dessus de 300, il est « dangereux » de rester dehors. Or, les niveaux mesurés ont souvent allègrement atteint plus de 400 microgrammes dans plusieurs villes. En Chine, l’épais brouillard de pollution des métropoles, qui provoque de nombreux décès prématurés ainsi que de graves problèmes de santé, engendre des coûts annuels estimés entre 100 et 300 milliards de dollars, selon un rapport officiel publié mardi par la Banque mondiale. Selon un rapport cité dans la revue médicale Lancet en décembre dernier, plus de 500.000 décès par an en Chine sont dus à la pollution. Ce qui explique les mesures de restrictions du trafic prises par les autorités chinoises et le déploiement de nouvelles solutions innovantes.

Domoclick.com avec l’AFP et
*** La Tribune:
http://www.latribune.fr/actualites/economie/international/20140325trib000821845/pourquoi-la-france-interesse-la-chine-.html