Opérateurs télécoms, fabricants, groupes audiovisuels, géants du web: les frontières entre les différents métiers des nouvelles technologies sont de plus en plus poreuses, comme l’illustre la bataille autour de la télévision connectée.

La lutte AppleTV contre GoogleTV va s'élargir aux fournisseurs d'accès internet (illustration de Dakiny)

Il était une fois une époque… où Apple se contentait de vendre des ordinateurs et Google vivait de son puissant moteur de recherche sur internet. Aujourd’hui, la marque à la pomme vend aussi de la musique (iTunes), des téléphones (iPhone) et leurs applications, des tablettes iPad et… de la publicité sur l’ensemble de ces supports.
Quant à Google, il ne se contente plus de gagner de l’argent grâce à la publicité ciblée via des liens sponsorisés: il a développé un logiciel (Android) qui équipe aujourd’hui un quart des smartphones (téléphones connectés à internet), des applications et aussi la Google TV, à l’exemple d’Apple.
« Le potentiel de croissance sur internet commence à s’assécher un peu. Sur l’internet mobile cela commence à décoller, mais cela prend du temps, alors il leur faut chercher un nouvel écran », explique Jean-Marie Le Guen, du cabinet d’études NPA Conseil. Leur arme: le téléviseur connecté à internet, qui permet de faire apparaître en bordure d’écran , sous forme de widget, des liens vers d’autres services et même, en surimpression sur les programmes, des messages et donc des publicités.

Alors que la télévision d’Apple est déjà commercialisée en Europe, celle de Google (qui prend la forme soit d’un téléviseur si le fabricant a un accord avec Google, soit d’un décodeur) devrait arriver dans les magasins européens en 2011.

Flairant la bonne affaire, Samsung, Sony, LG, Philips ou Panasonic fabriquent tous aujourd’hui des téléviseurs connectables, qui devraient représenter la moitié des ventes en France en 2011, soit 5 millions d’unités. Mais ne faisons pas parler les chiffres trop vite car les prévisions sur la TV 3D a largement été surestimé en France malgré une année 2010 la plus riche en événement télé, de la Coupe du monde de ffotball en Afrique du Sud en passant par l’incontournable Tour de France. Les fabricants s’associent dans ce cadre avec certains groupes pour mettre en avant leurs contenus (Youtube, Google Maps, Yahoo!, Facebook), et mieux capter la publicité.
Même les opérateurs télécoms s’y sont mis: une icône Orange, permettant d’accéder à un portail spécifique, apparaît ainsi sur les téléviseurs LG. Et SFR devrait pouvoir offrir autant avec les nouvelles fonctions de sa nouvelle box. France Télécom, toujours un fil à la patte d’avance sur la télévision via internet, par le biais de ses décodeurs et d’offres « tout-en-un » combinent internet, télévision et téléphone fixe, voire mobile.

« Ceux qui garderont la main sur la télécommande du consommateur auront probablement un avantage (…) parce que c’est là que se fait la requête », explique à l’AFP Xavier Couture, le directeur des contenus d’Orange.
« Si la télécommande vient d’Orange, il y a fort à parier qu’il y aura là de la valeur à réaliser pour Orange, si c’est la télécommande d’une télévision Samsung, Apple ou Google, ce n’est pas certain », avance-t-il.
Pour Orange, Google, Apple, Yahoo!, « il s’agit d’un enjeu à long terme, à savoir trouver de nouveaux revenus publicitaires. Cela se fera au détriment de ceux qui les captent aujourd’hui sur le petit écran : les chaînes de télévision », souligne M. Le Guen.

Aux Etats-Unis, Google TV a suscité une levée de boucliers: les quatre grandes chaînes ABC, CBS, NBC et Fox refusent d’y être diffusées. Alors que dans l’Hexagone, France Télévisions, TF1, M6, Canal+ et les chaînes de la TNT, privées ou publiques, se serrent les coudes. Dans une charte commune en cours de signature, elles exigent des fabricants de garder « un contrôle total et exclusif sur les contenus et services affichés en surimpression ou autour de leurs programmes diffusés ». Mais cette charte est-elle lié a une obligation pour réellement protéger leurs contenus ? Là est la question. Réponse en 2011 !

Dans le bras de fer qui s’annonce, Apple et Google ont l’avantage de disposer d’une montagne de cash, alors que la crise économique a au contraire fragilisé les groupes audiovisuels français. Certaines de leurs spécificités de créateurs de contenus événementiels , audiovisuels et « en direct live » , les chaînes comptent sur leur notoriété et leur grille. Coupe du monde de football, soirées cinéma… « proposer des contenus premium à forte valeur ajoutée, en exclusivité garantit l’audience » et donc des revenus publicitaires, tempère Jean-Baptiste Sergeant, analyste chez Gilbert-Dupont.

Domoclick.com avec l’AFP

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