Rare, anecdotique, voire ridicule il y a encore cinq ans, la construction de maisons en bois connaît un véritable essor dans toutes les régions, même là où on ne l’attend pas. Il y a encore de la résistance due à notre culture du ciment, enfin de plus en plus de Français sont désormais séduits par ce matériau écologique, naturel et particulièrement respectueux de l’environnement. Avec un argument de poids, son prix est en baisse avec le développement d’une filière bois d’oeuvre qui s’industrialise en France comme BH construction.

(Photo: Des logements pour étudiants en bois de mélèze de Sibérie en octobre 2009 en région parisienne)

« Il y a cinq ans, la construction en bois représentait seulement 5% du marché de la construction individuelle », affirme Pascale Diacono, directrice du salon « Vivons bois », qui se tient du 4 au 7 novembre à Bordeaux.
« Mais désormais, cela représente 10% du marché total de la construction avec 20.000 maisons en bois construites en 2011, contre 15.000 en 2009, 10.000 en 2005 et 5.000 en 2000 », se félicite Loïc de Saint-Quentin, secrétaire général de l’association française des constructeurs bois (Afcobois).

« Cette évolution s’explique par le fait qu’il y a vingt ans, les maisons individuelles étaient réservées à une clientèle plutôt aisée, une sur deux notamment était réalisée par un architecte, ils ne voulaient pas une maison banale mais depuis dix ans, des gens plus modestes s’y intéressent et même des primo-accédants », souligne-t-il. Parallèlement, de plus en plus de Français ont recours au bois pour procéder « aux extensions et surélévations de leurs logements, ce qui constitue un nouveau marché », pointe M. de Saint-Quentin. Selon lui, les aspects environnementaux – un mètre cube de bois permettant de capter et de stocker près d’une tonne de CO2 – et la performance thermique de ce matériau, qui permet de faire de vraies économies d’énergie, sont les deux principales raisons qui expliquent cet engouement.

Ainsi, 25% des maisons labellisées « bâtiment basse consommation » énergétique (BBC) sont des constructions en bois. Les maisons en bois demeurent cependant toujours plus chères que les demeures construites en parpaings: environ 1.500 euros le m2 pour les premières contre 1.200 euros le m2 pour les secondes. « Mais cette différence de prix tend à se réduire », estime M. de Saint Quentin.

Parallèlement, le nombre de constructions en bois dans le logement collectif, les immeubles de bureaux, les hôtels ou la construction de bâtiments publics (lycées, écoles) est en plein développement. Grâce aux récents progrès techniques, il est désormais possible d’édifier des immeubles en bois allant jusqu’à trois étages et « il y a une vraie demande pour aller au-delà », affirme Mme Diacono. Des immeubles en bois comptant huit, voire dix étages, ont déjà vu le jour en Suède et Royaume-Uni mais en France, « nous sommes un peu à la traîne », regrette Philippe Gallimard, représentant du pôle de compétitivité Xylofutur et professeur à Bordeaux I.

Une autre faiblesse du marché français pointée par Christian Colvis, architecte-designer spécialiste du pin maritime et directeur scientifique du projet Innovapin, est que « 63% des constructions en bois ne sont pas issues de forêts françaises ».
« Nous avons du bois mais seulement quelques entreprises qui se sont lancées dans sa transformation », selon M. de Saint Quentin. Les constructeurs se tournent donc vers l’Allemagne, l’Autriche et les pays scandinaves pour trouver des produits correspondant à leurs besoins. Voilà pourquoi en 2010, la filière bois française affichait un déficit de 6,4 milliards d’euros, selon le ministère de l’Agriculture.

Domoclick.com avec l’AFP