Le pays européen qui possède le plus grand domaine maritime prend enfin au sérieux l’éolien en mer. Le gouvernement vient d’annoncer un appel d’offres pour 600 éoliennes en mer d’une capacité de 3.000 mégawatts à installer d’ici 2015 au large des côtes de la Manche et l’Atlantique, mettant en avant la création d’au moins 10.000 emplois. La France est l’ un des derniers pays européens doté d’un littoral favorable à l’éolien en mer à se lancer dans ce secteur où se sont déjà engouffrés la Grande-Bretagne et le Danemark qui possède pourtant uns espace marin bien moins vaste. Dès 2007, les opérateurs visaient 8000 éoliennes ( en cumul avec les éoliennes à terre), soit l’équivalent de 25000 Mégawhatts dans un marché européen qui est de 40 gigawatts programmés pour 2020. Si es emplois vont affluer avec un modèle économique désormais sain, les critiques soufflent aussi. Le point de cet appel d’offre qui va réveiller l’activité de nos ports.

Cartographie de l'AFP

Initialement prévu pour début 2011, le lancement de l’appel d’offres, ouvert aussi aux étrangers, a pris du retard. D’une part il n’y avait pas suffisamment de sites pour lancer la totalité du projet en une seule phase. D’autre part la rédaction du cahier des charges a été longue pour « s’assurer que cela valorisera au mieux les atouts » de la France, selon une source proche du dossier.
Le projet porte sur un montant total prévu de 20 milliards d’euros avec environ 1.200 éoliennes en mer produisant 6.000 MW d’ici 2020, soit 3,5% de la consommation française d’électricité.

« Mon objectif, c’est de créer des emplois en France », a déclaré à l’AFP la ministre de l’Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet. « Les industriels nous en promettent plusieurs dizaines de milliers, mais moi, je suis conservatrice et je dis plus de 10.000. Je ne veux pas qu’on crée de fausses espérances ». Cette énergie décarbonée « est aussi moins impactante en terme de paysage que la plupart des énergies alternatives sur terre », a-t-elle ajouté. La date limite de dépôt des dossiers est fixée au 11 janvier 2012 auprès de la Commission de régulation de l’énergie (CRE). Celle-ci disposera ensuite de deux mois et demi pour étudier les offres qui doivent répondre à trois types de critères: la qualité du projet industriel et social (qui compte pour 40% de la note finale), le prix d’achat de l’électricité proposé (40%) et le respect de la mer et de ses usages (20%).

Les 5 sites retenus sont ceux du:
– Tréport (750 MW) et
– Fécamp (500 MW) en Seine-Maritime,
– Courseulles-sur-Mer (500 MW, Calvados),
– Saint-Brieuc (500 MW, Côtes d’Armor) et
– Saint-Nazaire (750 MW, Loire-Atlantique).

Un second appel d’offres, portant également sur 3.000 MW, sera lancé en avril 2012 dans la foulée de l’annonce des lauréats du premier, avec un éventuel ajustement du cahier des charges. Plusieurs groupes industriels, Areva, GDF-Suez, la DCNS et les chantiers navals de Saint-Nazaire, entre autres, ont déjà marqué leur intérêt. Certains comme Alstom et EDF-EN se sont associés pour l’occasion et ont conclu début juillet un partenariat exclusif avec le danois Dong Energy, spécialiste européen du secteur.

« Notre objectif, c’est de se positionner sur le marché européen qui est de 40 gigawatts programmés pour 2020 et il y a aussi de très bonnes perspectives sur le marché américain et le marché chinois », a précisé Mme Kosciusko-Morizet. Quant au tarif de rachat de l’électricité, « c’est aux industriels de nous dire ce qu’ils sont capables de faire », selon la ministre.

Les professionnels réunis au sein du Syndicat des énergies renouvelables (SER) se sont réjouis « du relèvement des prix plafond de l’électricité qui sera vendue à EDF ». Pour les trois zones Manche-Mer du Nord, le tarif sera compris entre 115 et 175 euros/mégawatt/heure, pour les deux zones Atlantique entre 140 et 200 Eur/MWH. « Avec ces nouveaux prix la France s’aligne sur les niveaux pratiqués dans les autres pays », selon le SER. Les anti-éoliens, en revanche, ont estimé que « ce sont 20 milliards d’euros pris sur la facture d’électricité des Français qui seront +engloutis+ le long des côtes de la France pour fabriquer 3% d’une électricité intermittente dont elle n’a pas besoin puisqu’elle exporte 15% de sa production actuelle », a commenté la Fédération Environnement Durable (FED).

Domoclick.com et l’ AFP