Nicolas Hulot a affirmé ce mercredi 13 avril, en se lançant dans la course pour 2012, qu’il défendait un projet « incompatible en l’état » avec les politiques du pouvoir en place, et a appelé à « l’émergence d’une nouvelle majorité politique ». Sa candidature, a-t-il dit, est « à l’opposé des choix » de la majorité actuelle. « Soyons clairs, je le dis sans dogmatisme, ni agressivité, ni le moindre ostracisme, le projet d’un nouveau modèle de développement est de mon point de vue incompatible en l’état avec les politiques que le pouvoir en place développe en France », a déclaré l’animateur de Ushuaïa, qui s’exprimait à la salle des fêtes de Sevran, en proche banlieue parisienne.
« Ma candidature s’inscrit dans le souci de l’intérêt général, elle se situe à l’opposé des choix, des méthodes et de la vision de la majorité actuelle », a-t-il ajouté. « Pour autant, cette clarification ne vaut en aucun cas blanc-seing à ceux qui, à gauche ou au centre, se proposent de diriger le pays. Dans mon esprit, il n’y aura aucun soutien automatique à qui que ce soit », a encore dit Nicolas Hulot, qui aura 56 ans le 30 avril.
« Je souhaite favoriser l’émergence d’une nouvelle majorité politique, seul je ne pourrai rien », a-t-il martelé. « L’effort et la créativité de chacun seront indispensables (…) le génie humain doit être mobilisé d’où qu’il vienne ». Appelant à une redistribution des richesses, il s’en est pris au « monde opaque de la finance », au « capitalisme sauvage ». « Un nouvel état d’esprit est nécessaire pour qu’il y ait de nouvelles solidarités, notamment avec le sud », a-t-il dit également.
La Déclaration de candidature de Nicolas Hulot à l’élection présidentielle, le mercredi, 13 Avril 2011 10:00
Changeons de cap
« Depuis 35 ans, je parcours le monde et je l’ai vu changer. J’ai exploré ses beautés, j’ai partagé ses bonheurs. En même temps, j’ai mesuré l’aggravation simultanée des inégalités et des destructions de la nature. L’humanité est devenue la proie d’une épidémie de crises qui accable le plus grand nombre. Les équilibres sociaux chancellent, ceux du climat et du vivant s’effondrent. Les hommes et les femmes de ce temps sont désemparés. Ils craignent pour leur emploi, leur sécurité, leur environnement, leur santé et l’avenir de leurs enfants. La marche triomphante du progrès prend les allures d’un immense malentendu.
En France aussi les conditions de vie se dégradent. Les difficultés s’accumulent. La précarité devient un sentiment prégnant. C’est, pour beaucoup de nos compatriotes, la peur quotidienne du chômage, du déclassement, de l’exclusion, c’est l’angoisse des factures et des fins de mois difficiles, le piège de l’endettement, le stress de la compétition, le mal être récurrent, la perte des repères, la dissolution du lien collectif et des solidarités.
L’urgence et le devoir nous obligent à changer de cap.
Un autre monde est non seulement possible, il est nécessaire. La créativité humaine ne fait pas défaut. Fixons lui des priorités sans confondre progrès et performance. L’économie, la technologie, l’argent lui même, ne sont pas des fins mais des moyens. Leur donner du sens, c’est la seule expression de la modernité. La volonté, les compétences, la citoyenneté, la générosité, l’envie d’agir et le désir de changer sont partout. Je le sais, j’y puise mon énergie. Le changement est déjà en marche dans la société civile. Il faut l’encourager, le légitimer, l’accompagner par la cohérence de l’action publique en fixant ensemble de nouvelles priorités qui rompent avec le capitalisme sauvage.
Ouvrons maintenant la porte de l’avenir en engageant la transformation écologique et sociale de la société
J’ai pour ma part franchi un cap. Jusqu’ici je crois que mon mode d’engagement a été utile. En conscience, j’estime qu’il doit passer maintenant à une autre étape. J’ai donc décidé d’être candidat à l’élection présidentielle et de mettre au service du changement le capital de confiance que j’ai pu accumuler auprès des Françaises et des Français. Dans ce moment de gravité et de complexité que traverse notre pays, je n’ai pas d’autre ambition que de contribuer à ouvrir la voie d’une société nouvelle, écologique et sociale. Je le ferai avec modestie mais détermination, sans arrogance mais avec toute ma volonté et mon énergie.
L’heure est maintenant au changement de cap pour refonder l’espoir.
Changer de cap, c’est d’abord s’appuyer sur le meilleur de l’humanité : la solidarité, le partage, la justice, la démocratie, la tolérance, la modération, la sobriété, la diversité, le juste échange. Changer de cap, c’est libérer la société et les esprits des diktats d’un mode production et de consommation contaminé par l’illusion de la croissance quantitative, s’émanciper d’un monde happé par la frénésie du toujours plus et par la compétition agressive, s’affranchir du profit et du marché sans limite, réhabiliter l’esprit public.
Changer de cap, c’est engager dès maintenant une transition vers la société nouvelle, écologique et sociale, à travers un train de mesures clés et concrètes que je développerai au cours de ma campagne. Je proposerai au débat, pour que chacun s’en empare et en devienne l’acteur, une transformation progressive des activités et des comportements. Les solutions existent pour améliorer l’emploi, mieux redistribuer les richesses, installer une croissance qualitative et sélective. Des leviers existent pour engager d’autres manières de produire, de s’alimenter, de se loger, de se déplacer, pour encourager les innovations et les investissements, économiser l’énergie et les ressources naturelles, déployer la fiscalité plus équitablement et plus efficacement. Des moyens existent pour faire décroître l’empreinte écologique, protéger la santé, soustraire les biens communs à la spéculation, remettre la finance à sa place, tisser les solidarités ici et avec les pays du Sud, fortifier la démocratie.
Changer de cap, c’est enfin concourir à l’apaisement de la société en rassemblant les énergies plutôt qu’en encourageant les affrontements. Les postures de division chronique sont désormais un luxe indécent face à l’urgence et à la complexité des enjeux. La société est fatiguée des idéologies creuses. J’invite chacun à prendre sa part dans la mutation en veillant évidemment à une répartition juste et équitable des efforts. Aux peurs et aux pulsions identitaires qui désagrègent les liens du vivre ensemble, il faut opposer un projet de société constructif et partagé. Le meilleur atout pour réussir le changement, c’est la diversité.
Dans ce défi majeur, je sais que la France ne détient qu’une partie des solutions. Mais je sais aussi qu’elle a les moyens de se montrer novatrice et audacieuse, notamment dans l’espace européen qui est devenu notre biotope commun. La France et l’Europe peuvent devenir le centre d’émergence d’un nouveau modèle de développement et retrouver ainsi un éclat de référence et de fierté dans le monde.
L’élection présidentielle va mettre nos concitoyens et nos concitoyennes en situation de responsabilité. Dans un an, il s’agira de choisir : prolonger le statu quo d’un système périmé en s’entêtant dans un modèle de développement qui n’est plus la solution mais le problème ou engager la dynamique du changement vers une société nouvelle, écologique et sociale.
Soyons clairs: je le dis sans dogmatisme ni agressivité, le projet d’un nouveau modèle de développement est de mon point de vue incompatible avec les politiques que le pouvoir en place et sa majorité développent en France. Ma candidature s’inscrit dans le sens de l’intérêt général. Elle se situe donc à l’opposé des choix qui privilégient inégalités et exacerbation des peurs et qui sacrifient les priorités écologiques et sociales.
Cela ne vaut pas pour autant blanc-seing pour ceux qui, à gauche ou au centre, se proposent de diriger le pays. Dans mon esprit, il n’y aura aucun soutien automatique à qui que ce soit. L’exigence écologique et sociale ne peut plus s’accommoder de quelques corrections à la marge ou de compromis politiciens, elle suppose de la part des partenaires la prise en compte sincère des nouveaux paramètres et un niveau de réponse approprié. Seule compte à mes yeux une volonté indéfectible de partager l’immense chantier écologique et social. C’est à cette unique condition de cohérence politique que nous pourrons engager avec d’autres le contrat de la métamorphose.
Répondre aux crises et aux angoisses, c’est proposer un modèle de développement qui bâtisse l’avenir et retrouve l’espoir. Pour le porter, je sollicite le soutien de l’ensemble des écologistes et notamment de mes amis d’Europe Ecologie-Les Verts, mais aussi plus largement de toutes celles et de tous ceux qui ne se résignent pas au déclin conjoint de l’humanité et de la nature. J’en appelle à celles et ceux qui savent qu’on ne peut plus s’exonérer de toute limite, notamment des limites physiques de la planète. J’en appelle à celles et à ceux qui refusent de s’abandonner à la fuite en avant productiviste et aux délires ultra libéraux, de consentir aux inégalités et à la régression sociale, de subir un endettement massif, d’exacerber les tensions entre les peuples, les cultures et les religions. J’en appelle aux citoyens et aux citoyennes pour qu’ils se rassemblent et se mobilisent afin de transformer une volonté individuelle en énergie collective.
Au service d’un mouvement tourné vers l’avenir, je souhaite que ma candidature devienne un levier pour agréger les énergies autour d’un nouveau modèle de développement dont les impératifs écologiques et sociaux soient le moteur. Je souhaite ainsi favoriser l’émergence d’une nouvelle majorité politique pour mettre en œuvre ce changement de cap et cette refondation de l’espoir. Ensemble, décidons du monde que nous voulons dans les champs du possible. Ensemble, construisons l’alternative qui ne soit pas seulement une alternance de pouvoir. Ensemble, bâtissons l’avenir ». Nicolas Hulot
Site officiel NICOLAS HULOT 2012:
www.2012hulot.fr
Les soutiens de Nicolas HULOT:
http://www.lemonde.fr/politique/portfolio/2011/04/13/qui-sont-les-soutiens-de-nicolas-hulot_1506794_823448.html#ens_id=1318702
Domoclick.com avec l’AFP