N’enterrons pas trop vite le photovoltaïque ! s’écrit Christian DUMBS, directeur du département solaire chez SCHOTT France.Face à la destruction de milliers d’emplois dans la filière photovoltaïque depuis le coup de frein au rachat de l’énergie solaire imposé en 2010 par le gouvernement, le secteur a décidé de s’organiser, convaincu qu’il existe un gisement de plus de 100.000 emplois d’ici à 2020. Ces gros dégâts sur les emplois chez Photowatt en France (sauvé de la faillite par EDF) à First Solar en Allemagne, l’industrie de l’énergie solaire accumule les déboires, surtout en Europe où les fabricants de panneaux subissent des surcapacités criantes,
fragilisées par la révision à la baisse des aides gouvernementales. Pourtant,le photovoltaïque n’est pas encore mort selon Directeur du département solaire chez SCHOTT France .Parmi ses arguments , les nouvelles règlementations sur les bâtiments neufs devraient permettre de donner sa juste place au photovoltaïque avec la RT 2012, qui prévoit la généralisation des maisons BBC à partir du 1er janvier 2013. Les lois Grenelle I et II ont un impact sur toutes les filières bâtiment et le long terme.
Christian Dumbs, Directeur du département solaire chez SCHOTT France
Si on regarde les chiffres de plus près, le secteur a connu une formidable croissance dans le monde en 2011. Selon l’AIE (Agence internationale de l’énergie) et le SER (Syndicat des énergies renouvelables), le marché a connu une croissance de +40% avec 27 GW de puissance installée dans le monde l’an passé, dont 68% en Europe. Soit une puissance cumulée de 67,5 GW fin 2011 au niveau mondial, qui devrait atteindre 350 GW en 2020 et 1 800 GW en 2030, pour une production représentant 14% de la consommation mondiale d’électricité (source EPIA). Toujours selon l’AIE, les ENR pourraient représenter 48% du Mix énergétique en 2050, avec l’éolien en 1re position, suivi par le solaire (photovoltaïque et thermodynamique).
Si le gouvernement a largement diminué les aides, il n’en reste pas moins qu’il garde comme objectif une part de 23% des ENR du Mix énergétique (défini par le Grenelle de l’environnement), un taux plus important que le reste du marché européen qui s’en tient à 20%. Les collectivités territoriales ont été motrices dans le développement du solaire photovoltaïque, et la plupart des régions françaises se sont prononcées en faveur du maintien de leur soutien au développement de la filière, permettant notamment de répondre aux objectifs de 20 GW de puissance installée définis par les associations professionnelles SER et Enerplan, avec à la clé la création de 56 000 emplois.
Le moratoire et la baisse des tarifs d’achats de l’électricité photovoltaïque ont été préjudiciables au marché, ne nous voilons pas la face. Le marché du résidentiel est passé de 40% de la capacité installée à 5%, le travail de sensibilisation des particuliers au photovoltaïque ayant été réduit à néant ou presque. Or, la rentabilité d’une installation photovoltaïque reste intéressante du fait de la baisse accélérée du prix des panneaux, rendant l’énergie solaire plus compétitive, malgré la baisse des tarifs d’achat. N’oublions pas non plus que le secteur résidentiel bénéficie toujours en France des tarifs d’achat les plus élevés au monde avec l’Italie pour les installations intégrées au bâti.
Des opportunités de développement sérieuses
Mais il faut toutefois noter que le secteur est aujourd’hui « assaini », laissant sur le marché des acteurs sérieux aux compétences éprouvées. Le photovoltaïque en France est désormais arrivé à maturité, atteignant une taille critique : la puissance installée équivaut à deux réacteurs nucléaires (2,4 GW au 31/12/2011).
Et l’avenir semble moins sombre qu’il n’y paraît. La hausse programmée du prix de l’électricité, de l’ordre de +30% dans les 5 années à venir, liées à l’augmentation du coût du nucléaire et des prix du gaz et du pétrole, rend l’énergie solaire photovoltaïque toujours plus attractive : en effet celle-ci inversement voit son coût baisser grâce aux économies d’échelle et progrès technologiques de l’industrie solaire. Au-delà de ses évidentes vertus écologiques, se profile donc une énergie solaire photovoltaïque compétitive, sans subvention.
Dans un contexte allemand où l’autoconsommation de sa propre électricité solaire devient la règle pour le particulier dans le résidentiel, on peut imaginer que le même schéma se développera sous peu en France.
En attendant, les tarifs d’achat sont aujourd’hui garantis en France pendant 20 ans via EDF au prix fixé au moment de la signature du contrat, avec la possibilité de calculer très précisément le revenu d’une installation photovoltaïque pour les 2 décennies à venir. Au-delà de 20 ans, le propriétaire de l’installation pourra revendre sa production d’électricité à un fournisseur d’énergie ou encore l’utiliser en autoconsommation.
De plus, les nouvelles règlementations sur les bâtiments neufs devraient également permettre de donner sa juste place au photovoltaïque :
– La RT 2012, qui prévoit la généralisation des maisons BBC à partir du 1er janvier 2013, impose une consommation d’énergie primaire maximum de 50KW/m²/an, dont une partie peut être déduite grâce à l’intégration de panneaux solaires.
– Le BEPOS (Bâtiment à énergie positive), qui vise à partir de 2020 la construction de bâtiments devant produire plus d’énergie qu’ils n’en consomment, implique de ce fait l’utilisation du photovoltaïque.
Autant d’opportunités de développement qui ne sont pas à négliger. Les entreprises européennes actives sur le secteur ont donc une carte à jouer, sur le marché européen comme sur les pays émergents que sont par exemple l’Inde, la Thaïlande ou Israël.
Les atouts des fabricants européens sur l’échiquier mondial : point de vue d’un fabricant allemand
Le cas de Q-Cells ne préfigure pas la disparition des acteurs européens. L’expertise et le savoir-faire de ces entreprises présentes depuis de nombreuses années sur le marché du solaire restent un gage de fiabilité et de performance. N’oublions pas que le marché allemand est précurseur sur le développement de l’énergie photovoltaïque, et que malgré les récentes baisses de subventions de la part du gouvernement, il reste de loin le plus important marché au monde avec une base installée de 23 GW, plus de 2 fois supérieure au 2e pays mondial qu’est l’Italie.
Ainsi, le retour d’expérience sur les performances des panneaux photovoltaïques sur le long terme d’acteurs historiques assure la sécurité de l’investissement et garantit par ailleurs, pour les fabricants les plus sérieux, une installation effectuée dans les règles de l’art, grâce à une formation systématique des installateurs. De plus, les investissements en R&D sur l’amélioration du rendement des panneaux et les grandes avancées technologiques assurant la réduction de leurs coûts de production, portés par les leaders européens, participent à la rentabilité du secteur, permettant notamment de faire face à la concurrence asiatique et à bas coût.Malgré cette période tourmentée, le marché du photovoltaïque augure de belles années à venir, quoi qu’on en dise. »
La filière s’est organisée »
« Nous avons su freiner l’emballement du photovoltaïque, avant que son impact macro-économique ne soit trop lourd, trop coûteux », explique de son côté le ministère de l’Industrie et de l’Energie à l’AFP. Car pour lui, le système n’était pas « économiquement soutenable dans la durée ».
Le maintien de ces 12.000 emplois aurait généré, selon ses calculs, « deux milliards de surcoût annuel pendant vingt ans, soit 160.000 euros par emploi pendant vingt ans ».
Pour rebondir, les professionnels ont réuni en octobre 2011 les premiers Etats généraux du solaire et demandé à l’Etat de s’engager à définir un cadre réglementaire stable après avoir subi quatre modifications tarifaires en cinq ans. Ils estiment qu’une politique solaire volontariste du gouvernement permettrait de créer plus de 100.000 emplois d’ici à 2020.Marc Jedliczka, directeur de l’association pro-énergies renouvelables Hespul et militant de l’énergie solaire depuis trente ans, se veut optimiste, espérant des décisions politiques en faveur de cette « technologie extraordinaire ».
Pour lui, « il y a urgence si la France veut avoir sa place » car pour cela, il faudrait doubler la part de l’énergie renouvelable qui est aujourd’hui de 15%.
M. Jedliczka explique à l’AFP qu’en Allemagne, le photovoltaïque a créé près de 150.000 emplois, un chiffre qui devrait encore grimper avec la décision de tourner le dos à l’énergie nucléaire. « Le seul côté positif de nos déboires, c’est que la filière s’est organisée. Sonnée par le moratoire, elle a éprouvé le besoin de se rassembler et arrive maintenant à trouver les points de consensus », a estimé M. Loyen. Le gouvernement relève tout de même de son côté que « le rythme de développement du solaire reste très dynamique », la France ayant été classée en 2011 au cinquième rang mondial en termes de « capacité photovoltaïque installée ».
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