Le président Sarkozy entend relancer le secteur du bâtiment et lutter contre la pénurie de logements en relevant, pour trois ans, de 30% les droits à construire sur les habitations et en libérant des terrains publics.L’application de cette mesure se fera dès que le Parlement aura voté le texte. Une mesure, qui selon le président, «va aider le secteur du BTP et permettre de faire baisser les prix». «Quand, dans les règles de construction on peut construire un immeuble de six étages, demain, on pourra construire 8 étages. Chaque logement construit, c’est 1,5 emploi», explique Benoist Apparu, secrétaire d’Etat en charge du logement. Il y a deux millions de m² à Paris où l’on pourrait faire de la surélévation, indique encore Benoîst Apparu indiquant cependant que cette élévation du droit à construire ne concernait pas les logements classés au patrimoine historique dans la capitale. Cette annonce ne satisfait pas toutes les ONG de l’environnement , notamment France Nature Environnement qui avait invité vendredi les différents candidats à la Présidentielle pour présenter , chacun à son tour excepté la ministre NKM , à présenter sa vision et ses solutions pour le prochain quinquennat s’ils sont élus.
Autoriser la construction de 30% de logements supplémentaires, comme le souhaite Nicolas Sarkozy, est une mesure « déraisonnable », selon les ONG écologistes, qui y voient une façon d’encourager l’étalement urbain, nuisible à la biodiversité comme à l’agriculture. »Augmenter la constructibilité et l’étalement urbain, c’est déraisonnable », dénonce Benoît Hartmann, porte-parole de France Nature Environnement (FNE, représentant 3.000 organisations).
En France, tous les sept ans, l’équivalent d’un département est déjà « artificialisé », c’est-à-dire retiré de son état naturel forestier ou agricole pour en faire des surfaces bâties (parking, routes, habitations) ou non (espaces verts, équipements sportifs), rappelle Benoît Hartmann.L’annonce de Nicolas Sarkozy revient, ajoute-t-il, à généraliser un « bonus » existant déjà pour « les logements écologiques ». Dans la loi Grenelle 2 votée en 2010, ces 30% supplémentaires par rapport au COS (coefficient d’occupation des sols) sont réservés aux constructions « satisfaisant à des critères de performance énergétique élevée ou alimentées à partir d’équipements performants de production d’énergie renouvelable ou de récupération ».
« Le fait d’élever le COS n’est pas, en soi, une mauvaise nouvelle.
Mais la bonne idée peut rapidement devenir une fausse bonne idée », met en garde l’avocat spécialisé sur l’environnement Arnaud Gossement.
Pour être efficace, estime-t-il, « il faut que le COS soit conditionné à la lutte contre l’étalement urbain et à un engagement environnemental dans la ville, en préservant des espaces pour la biodiversité. »
« Renoncements »
La Ligue ROC, de son côté, s’inquiète aussi pour la biodiversité: « Il y a des friches urbaines qui font des dents creuses et qui peuvent constituer un refuge de biodiversité au sein d’une ville densément bâtie… Il faudrait peut-être les garder », souligne Christophe Aubel, directeur de l’association, en appelant à faire un « diagnostic » territoire par territoire.
La « trame verte » pour la préservation des milieux naturels terrestres et la « trame bleue » pour les milieux aquatiques, créées par le Grenelle, pourraient aussi pâtir du nouveau plan, ajoute-t-il.
Plutôt que de construire toujours plus de logements, les organisations écologistes préconisent de réhabiliter les logements anciens aux piètres performances énergétiques. « Si on veut générer des emplois, lançons-nous dans la réhabilitation! » propose Benoît Hartmann.
Pour Alain Thomas de l’association Bretagne Vivante, particulièrement sensible à la question des « capacités de l’agriculture » avec des surfaces toujours plus réduites, l’annonce de Nicolas Sarkozy « rejoint une longue liste de renoncements du gouvernement aux principes mis en avant lors du Grenelle ».
A l’inverse, les agriculteurs de la FNSEA se sont félicités dans un communiqué de « la redensification des villes », qui « peut permettre probablement de réduire l’artificialisation des sols et de protéger +finalement+ le foncier agricole ».
Domoclick.com avec l’AFP.