La ministre du Logement , Sylvia PINEL, a annoncé le 1er juillet le lancement du portail internet du Plan Transition numérique dans le Bâtiment. Ce Plan Transition Numérique dans le Bâtiment qui avait été présenté en janvier dernier, se munie à présent de l’adresse internet http://batiment-numerique.fr **. Selon le ministère du Logement, ce portail est organisé autour de 4 fonctions principales avec une dimension numérique totale : informer sur la démarche du gouvernement, communiquer sur les expériences de terrain en France, en Europe et à l’International, favoriser les rencontres entre professionnels et enfin apporter des informations sur le plan, notamment à travers une newsletter mensuelle. Le plan est doté d’un fonds de 20 millions d’euros. L’objectif de ce portail est de « mettre en évidence et rendre accessibles à tous les documents explicitant les concepts et les démarches autour de la maquette numérique (BIM***), et les bonnes pratiques en s’appuyant sur les témoignages des acteurs de terrain. Il rassemblera, valorisera et portera à la connaissance des acteurs les premières initiatives, les gains de coûts et de productivité obtenus par l’utilisation des outils numériques » explique Sylvia Pinel. Bertrand Delcambre, le président du Plan Transition Numérique dans le Bâtiment, répond aux questions de la rédaction du portail batiment-numérique.fr et présente les 5 défis à relever.

Quels sont les objectifs du Plan Transition Numérique dans le Bâtiment ?

– Bertrand DELCAMBRE: Le Plan Transition Numérique dans le Bâtiment s’inscrit dans la continuité du rapport que j’ai remis le 2 décembre 2014 à Madame Sylvia Pinel, Ministre du Logement, de l’Égalité des territoires et de la Ruralité, dans le cadre de la Mission Numérique du Bâtiment, menée durant le deuxième semestre de 2014. Cette mission a confirmé les fortes attentes concernant le déploiement des outils numériques, nuancées chez certains acteurs par une appréhension liée aux changements qui se profilent. Même si ces outils numériques permettent d’envisager de nouvelles approches pour faire face aux défis techniques de plus en plus complexes que rencontrent les professionnels du secteur, il est essentiel d’associer tous les professionnels de terrain à nos réflexions et démarches pour leur mettre à disposition des outils accessibles et simples d’utilisation.

Comment allez-vous convaincre et donner envie aux acteurs de la filière de s’engager dans la transition numérique du bâtiment ?

-BD: Pour embarquer dans le numérique tous les acteurs du bâtiment, et notamment les entreprises artisanales du secteur (moins de 10 salariés) qui représentent 98% des entreprises, des efforts importants de communication, sur différents registres, sont à déployer. Le Plan Transition Numérique dans le Bâtiment vise à mettre en place une série d’actions structurantes adressant ces différents registres et articulées autour des axes retenus dans mon rapport du 2 décembre 2014 et confirmés par la Ministre dans la lettre de mission qu’elle m’a adressée le 20 janvier 2015 et par laquelle elle me confie la présidence du comité de pilotage du Plan Transition Numérique dans le Bâtiment. Nous allons nous attacher à diffuser largement les premiers usages du numérique entre les différents intervenants et corps de métiers pour tendre vers un mode collaboratif efficace, où chaque acteur joue un rôle et porte en lui une brique de valeur essentielle à la réussite du projet.

En quoi le numérique peut être utile à la filière bâtiment ?

– BD: La filière du bâtiment, qui représente plus de 6 % du PIB et qui emploie 1,5 million d’actifs, ne peut rester à l’écart de cette évolution. Le poids du secteur nécessite que l’on procure à l’ensemble des acteurs de la chaine de valeur de la filière les moyens de s’approprier des outils d’innovation et de progrès. Le numérique en fait partie. Une révolution culturelle de grande ampleur doit être engagée et c’est tous le sens des trois orientations structurantes du plan transition numérique dans le bâtiment. Le numérique n’est pas une nouveauté en soi, puisque les premières liaisons via une messagerie entre ordinateurs sur un campus universitaire aux Etats-Unis ont été créées juste après la seconde guerre mondiale. La nouveauté, c’est l’usage que nous pouvons en faire et les multiples applications que cette technologie est capable d’offrir à toutes les étapes du cycle de vie d’un bâtiment. Le numérique est clairement identifié comme une opportunité majeure pour améliorer le processus de construction, la coopération entre tous les acteurs pour plus de logements à des coûts maîtrisés. De la conception à l’exploitation, en passant par la réalisation, la fabrication des équipements et produits, la pose, la gestion et l’entretien, à toutes ces étapes le numérique peut améliorer l’efficacité des acteurs et faire progresser la qualité des ouvrages en réduisant la sinistralité.

Pouvez-vous illustrer votre propos ?

-BD: L’usage progressif de la maquette numérique va permettre de consolider les données d’un bâtiment, de manière simultanée, à toutes les étapes de son cycle de vie, en évitant les multiples saisies d’informations auxquelles les acteurs doivent faire face. Une information saisie une fois et partagée ensuite par tous procure un gain de temps précieux et est source de moins d’erreurs dans la conduite d’un chantier. Si nous voulons transformer durablement la filière du bâtiment-construction et l’accompagner dans sa transition numérique, les actions du Plan Transition Numérique dans le Bâtiment devront être répondre aux attentes des acteurs métiers : gains économiques, meilleure productivité, simplicité d’utilisation, réduction de la sinistralité et partage des données dans le respect des droits de chacun.

Quels sont les défis à relever ?

-BD: Trois défis majeurs seront à relever pour atteindre les objectifs fixés. Premier défi, celui de ne pas transformer le débat en un échange entre spécialistes. Si nous voulons convaincre, sensibiliser et intéresser le plus grand nombre, nous devons impérativement faire œuvre de pédagogie auprès de tous les acteurs pour leur démontrer que le sujet les concerne au premier plan et que demain, ce seront eux les acteurs du numérique. Deuxième défi, celui de réunir la constellation éparse des différents acteurs du bâtiment pour construire une chaine de valeur à la fois transversale et complémentaire, où chacun doit apporter sa brique pour que le numérique apporte sa valeur ajoutée à chaque projet. Troisième défi, incontournable et impératif, celui de passer des paroles aux actes pour fournir des éléments crédibles et fiables sur la plus-value que représente l’utilisation du numérique dans les différentes étapes de l’acte de construction et de rénovation. Plusieurs enjeux vont guider la mise en œuvre des actions du Plan Transition Numérique dans le Bâtiment. Premièrement, il faudra différencier la méthode d’approche entre le secteur du neuf et de la rénovation pour tenir compte de la segmentation du marché et des débouchés pour les professionnels en termes de chiffres d’affaires ; aujourd’hui le secteur de la rénovation ou de l’entretien représente 56% de la production et celui du neuf, 44% de la production. Deuxièmement, nous associerons la maîtrise d’ouvrage publique et privée à une réflexion conjointe sur les outils communs à développer pour parvenir à l’usage de la maquette numérique dès la phase de programmation du bâtiment. Troisièmement, nous développerons des réponses apportées par les outils numériques aux problématiques de chantiers en vue de réduire les désordres trop souvent constatés à ce niveau. Quatrièmement, nous démontrerons les gains de productivité et d’efficacité pour tous et enfin nous devrons mettre en évidence la simplicité et la fiabilité de l’usage du numérique.

** Le nouveau site officiel:
http://batiment-numerique.fr

Domoclick.com

*** Le BIM, qui vient de l’acronyme anglais « Building Information Modeling », peut se traduire en français par modèle, modélisation, ou management des informations du bâtiment.

Le BIM n’est pas un outil ou un logiciel mais c’est l’ensemble des processus collaboratifs qui alimentent la maquette numérique tout au long du cycle de vie des ouvrages. Il permet le travail et la collaboration entre les différents intervenants d’un projet de construction et permet la conception et l’exploitation de la maquette numérique.

La maquette numérique constitue une base de données technique, standardisée, partagée. Elle contient les objets composant le bâtiment, leurs caractéristiques physiques, techniques et fonctionnelles et les relations entre ces objets comme la composition détaillée d’un mur ou la localisation d’un équipement dans une pièce.