Menée par l’ADEME, le TREMI est une enquête sur les Travaux de Rénovation Energétique des Maisons Individuelles qui a été publiée en octobre 2018. Domoclick.com a demandé à Ariane ROZO, ingénieure au service Bâtiment de l’Ademe, de commenter ces résultats, de conseiller les propriétaires de maisons individuelles et des particuliers qui souhaitent rénover. Une équation gagnante sur fond de Grand Débat national pour canaliser les contradictions de la Transition énergétique. Interview avec check-list à l’appui !
« On a tous à gagner à rénover énergétiquement » affirme Ariane ROZO, trop consciente des enjeux entre difficulté de réussir un projet de rénovation et d’efficacité énergétique. L’objectif de l’enquête TREMI vise à améliorer la connaissance de la perception, sur le terrain, des politiques nationales et locales d’encouragement à la rénovation énergétique des logements. TREMI** est à ce jour la seule enquête nationale réalisée auprès d’un large échantillon de particuliers qui permet d’étudier finement 3 aspects des travaux de rénovation.
Avec l’Ademe où vous êtes ingénieure , vous avez mené une étude approfondie pour identifier vos actions de rénovation d’efficacité énergétique: Quels sont les 4 postes principaux de travaux concernés dans le coût moyen par chantier que l’étude Tremi a révélé ?
– Ariane ROZO: sur les 3,4 postes de travaux, je ne peux pas vous les citer tels quels puisqu’il s’agit d’un nombre moyen qui mixe donc tous les postes de travaux. Par contre si vous allez en p.11 de l’enquête publiée dans Le Mag de l’Ademe (édition de Novembre 2018**) de l’Ademe vous verrez quels sont les postes les plus répandus. On peut déjà affirmer que le top 4 des travaux les plus réalisés est celui-ci:
1 -ouvertures / fenêtres
2- toitures /combles
3- murs
4- chauffage
Et les 2 bouquets de travaux les plus courants sont de mixer les ouvertures avec le changement de chauffage, ou bien les ouvertures avec l’isolation de la toiture et des combles.
Selon vous , le bilan thermique d’un logement qui est aidé pour 440€ en Nouvelle Aquitaine par exemple , représente-t-il La solution pour obtenir une garantie de résultat afin de corriger les mauvais chiffres ( 3/4 des travaux) des notes énergétiques du DPE (Diagnostic de Performance Energétique) avant /après travaux ?
-Ariane ROZO: Sur l’intérêt de faire un bilan thermique : oui, une telle étude sera très utile pour choisir la bonne stratégie de travaux : De mieux savoir par où commencer ? quels sont les points à améliorer dans mon logement ? quel ordre suivre pour ne pas faire d’erreur si on veut étaler les travaux dans le temps ? Mais ce bilan ne résoudra pas tout à lui seul : la qualité de mise en œuvre des travaux est tout aussi importante. Les artisans RGE sont formés en ce sens. Finalement, réaliser des travaux permettant des sauts de classe énergétiques du DPE (Diagnostic de Performances Energétiques, obligatoire pour la vente/location d’un logement NDLR) nécessitent une réflexion amont non négligeable. Il est essentiel d’avoir cette vision d’ensemble de la situation et d’opter pour une véritable stratégie de travaux. Et cette réflexion est loin d’être évidente pour un novice. Mais pas de panique : un accompagnement public, gratuit et neutre (qui est malheureusement trop méconnu) a été conçu en ce sens pour vous épauler sur toutes les étapes, depuis le choix des travaux à faire en priorité jusqu’à l’identification des aides auxquelles vous avez droit. Pour bénéficier de cet accompagnement l’ADEME a créé la plate-forme FAIRE.
C’est assez décourageant de découvrir dans les résultats de l’étude TREMI que 75% des chantiers de rénovation n’obtiennent pas une meilleure note du DPE après les travaux ?
– Ariane ROZO: Effectivement, il y a une belle marge de progression ! Seulement un quart des rénovations réalisées entre 2014 et 2016 ont eu un réel impact énergétique. C’est trop peu ! TREMI révèle en particulier que la perception des ménages est en décalage avec les objectifs des pouvoirs publics. Je m’explique : 5% seulement des rénovations observées sur la période concernée ont permis au logement de sauter au moins 2 classes de DPE. Or, 27% de l’ensemble des ménages ayant réalisé des travaux estiment que tous les travaux ont été faits. En théorie, et en toute logique, ils ne devraient donc être que 5% maximum à affirmer cela. Ce décalage montre toute la complexité du sujet, qui allie subjectivité et objectivité. Pour dépasser cela et atteindre des résultats concrets mariant amélioration du confort et diminution de la facture énergétique, il est essentiel d’avoir une vision d’ensemble et de murir son projet de travaux. Et cette réflexion est loin d’être évidente pour un novice… C’est pourquoi le réseau public FAIRE a tout son sens et qu’il ne faut pas s’en priver 😉
En tant que citoyenne (ça n’engage que vous), que proposez-vous dans le Grand Débat National, au chapitre de la Transition Energétique ?
– Arina ROZO: J’ai effectivement bien prévu de prendre du temps pour contribuer au Grand Débat National. Les enjeux écologiques sont trop forts pour ne pas saisir toutes les opportunités de nous exprimer ! En tant que citoyenne lambda ma parole doit rester selon moi à son juste niveau, à savoir celui d’une contribution individuelle à ce débat. En revanche, je vais utiliser en amont les outils développés par l’ADEME qui balaient l’ensemble des sujets de la transition énergétique ( lien du service de presse de l’Ademe***). La pédagogie et l’acculturation sur ces enjeux sont, selon moi, indispensables pour opérer de vrais changements dans notre modèle de société.
Interview avec J.Robert pour Domoclick.com
** Enquête TREMI à télécharger:
https://www.ademe.fr/travaux-renovation-energetique-maisons-individuelles-enquete-tremi
*** Le Grand-débat avec l’Ademe :
https://www.ademe.fr/particuliers-eco-citoyens/dossiers-comprendre/dossier/grand-debat-national-transition-ecologique/economiser-leau-lenergie-a-tous-a-y-gagner