Contre toute attente,l’entreprise Américaine la plus diversifiée du monde, présente dans l’Aéronautique, la santé, l’énergie, les loisirs et la finance,  fait front avec 14 autres grands groupes US pour obtenir que le gouvernement fixe des limites aux émissions polluantes des entreprises. Un double défi pour le président Bush qui s’adresse au Congrés devant une majorité de démocrates et réserve une "carte environnement" dans son discours annuel.

A Washington, 14 entreprises américaines dont 9 grandes ont demandé lundi 22 aux responsables politiques américains de fixer des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES), une mesure que l’administration Bush a refusé jusqu’à présent. Les PDG de neuf groupes, parmi lesquels Alcoa, General Electric qui vient de publier des résultats records, et DuPont, rassemblés sous la bannière du Partenariat américain en faveur d’une action pour le climat (USCAP), ont fait front pour obtenir que le gouvernement fixe des limites aux émissions polluantes des entreprises. "Nous devrions avoir des objectifs visibles", a déclaré Jeffrey Immelt, PDG de GE, le premier conglomérat industriel mondial, lors d’une conférence de presse, à Washington. Le puissant groupement d’entreprises a également plaidé pour l’instauration d’un programme permettant le commerce des droits d’émissions.

La réduction des émissions de GES – tenus pour responsables du réchauffement climatique – est non seulement utile pour l’environnement, mais c’est également une source de profits, estiment ces dirigeants. Elle contribuera également à réduire la dépendance pétrolière américaine, selon eux. Cet appel survient à la veille du grand discours annuel que doit prononcer mardi le président George W. Bush sur l’état de l’Union. Plusieurs experts s’attendent à ce que le chef de l’Etat en profite pour faire référence au réchauffement climatique. M. Bush a jusqu’alors affirmé qu’il n’était pas favorable à la limitation des émissions industrielles de gaz à effet de serre par le gouvernement. Sous sa présidence, les Etats-Unis, qui représentent un tiers des émissions mondiales de GES, ont refusé de ratifier le protocole de Kyoto qui vise à les limiter pour les principaux pays industrialisés. Le porte-parole de la Maison Blanche, Tony Snow, a affirmé lundi que le président ne proposerait pas dans son discours mardi de fixer des plafonds pour les émissions de GES. Aux côtés de M. Immelt et du PDG d’Alcoa, Alain Belda, figuraient, lors de cette conférence de presse, les dirigeants de PG and E (énergie), Lehman Brothers (finances), FPL Group (énergie), DuPont (chimie), Caterpillar (matériel de BTP), Duke Energy et PNM Resources (énergie) qui ont appelé d’autres grandes entreprises à les rejoindre. Le fournisseur d’énergie texan TXU Corp. a déclaré dans un communiqué que certains des objectifs du Partenariat étaient en accord avec ses propres positions, et également fait part ""d’inquiétudes grandissantes"" au sujet du réchauffement climatique. Les membres de l’USCAP, qui ont entamé leurs travaux cet été, ont appelé le Congrès à établir des plafonds obligatoires limitant à 5% le surcroît d’émissions de GES au cours des cinq prochaines années.

De nouveaux objectifs seraient alors établis pour ramener ces émissions à un niveau compris entre 70 et 90% des niveaux actuels, et ce dans une période de 15 ans. Les émissions devraient ensuite être limitées, d’ici 2050, à 60-80% de leurs niveaux d’aujourd’hui. Plusieurs textes de loi ont d’ores et déjà été préparés par les élus démocrates, plus sensibles à ces questions, depuis leur prise de contrôle des deux chambres du Congrès, au début de l’année. M. Immelt a précisé que "des échanges d’informations" étaient intervenus entre l’administration Bush et les membres du Partenariat. Interrogé par l’AFP sur le point de savoir si la Maison Blanche soutenait la position du groupement, il a répondu : "oui, mais c’est le genre de sujet sur lequel vous allez avoir un grands nombre de points de vue différents". "Globalement, je dirais que c’est une discussion amicale, pas une discussion inamicale", a-t-il toutefois ajouté.

20% de réduction de la consommation de carburant ?  

A l’occasion de son discours annuel, le président Bush devrait demander au Congrès américain, à majorité démocrate, d’approuver son plan pour l’Irak. Il devrait par ailleurs annoncer une série de mesures en faveur de l’environnement. Il proposera notamment de fixer des objectifs de réduction de la consommation de carburant et d’accroître le nombre de bénéficiaires du système de santé, de faire adopter une nouvelle législation sur l’immigration et d’améliorer le système éducatif.

Selon ses collaborateurs, Bush invitera le Congrès à entériner un objectif de 20% de réduction de la consommation de carburant sur dix ans . Le président souhaite y parvenir en améliorant le rendement des véhicules et en augmentant la production de carburants alternatifs. Il prônera en outre le doublement des réserves stratégiques de pétrole d’ici 2027. Bush, soumis à la pression des démocrates qui réclament une politique plus énergique de lutte contre le réchauffement climatique, est convaincu que la progression des émissions de gaz carbonique provenant des voitures, des camionnettes et autres utilitaires pourrait être enrayée en dix ans.

Site officiel de l’USCAP : http://www.us-cap.org

Le groupe GE France : http://www.ge.com/fr/ourBusiness/index.html