"A la recherche de la maison idéale", c’est sous ce titre que Les Echos du 6 avril expose la définition et les enjeux du Plan national PREBAT dans lequel plusieurs programmes de recherche préparent les bâtiments à énergie positive de 2050. L’Ademe espère déposer les premiers permis de construire d’ici à 2007. Vaste programme de concertation organisé sous l’égide des ministères qui marie pour la première fois les grands acteurs du bâtiment et de l’énergie, et vise , à travers la rénovation des 30 millions (!) de logements existants en France et la maison individuelle , à diviser par 4 la consommation d’énergie de l’ensemble du bâti d’ici à 2050. Ce plan soutient le développement de solutions techniques associant les fonctions isolation, ventilation et chauffage avec l’ultime objectif de réaliser des habitations capables de produire plus d’énergie qu’ils n’en consomment.
Hôpitaux, immeubles de bureaux, lycées ou pavillons devront atteindre, grâce au plan Prebat, un bilan énergétique nul ou même positif à certaines saisons. Les ingénieurs automobiles s’amusent avec les « concept cars », les ingénieurs de la construction auront leurs « bâtiments concepts ». Après des mois de bourdonnement, le petit essaim de la recherche française en BTP veut passer aux choses concrètes. Le plan national Prebat va sélectionner cette année une quinzaine de démonstrateurs pour préparer le bâtiment à énergie positive de 2050. L’Ademe, qui gère ce projet, espère déposer les premiers permis de construire d’ici à 2007. Hôpital, bureau, école ou pavillons, ce premier parc expérimental devra représenter une ville de demain, capable de diviser par quatre ses consommations énergétiques. Les plus novateurs devraient même atteindre rapidement un bilan énergétique nul ou positif à certaines saisons.
L’architecture s’est ainsi trouvée une nouvelle utopie, dans la lignée des Thomas More, Charles Fourier, André Godin, Friedensreich Hundertwasser ou Frank Lloyd Wright. Il ne s’agit plus de promettre un avenir meilleur mais d’épargner l’environnement en concevant des bâtiments qui produisent plus d’énergie qu’ils n’en consomment. Le Prebat financera le surcoût « durable » de ces constructions, qui pourront émaner de collectivités locales, d’organismes publics ou privés. Certaines d’entre elles deviendront un banc d’essais pour les nouvelles technologies de l’énergie ou d’isolation. C’est l’objectif du projet Descartes +, une extension de l’école des Ponts et Chaussées, soutenue par le pôle de compétitivité « Ville durable ». Le directeur de l’école, Philippe Courtier, expert en climatologie, a amorcé le projet en autofinançant 5 des 15 millions nécessaires. Le bâtiment sortira de terre d’ici trois à quatre ans et combinera un rôle d’enseignement, de recherche et d’essais de briques technologiques. Cette initiative sur les constructions neuves est la plus spectaculaire, mais d’autres études complètent une stratégie plutôt astucieuse. Car les spécialistes savent bien que l’enjeu immédiat se situe plutôt au niveau de la rénovation des bâtiments existants. Le territoire français accueille actuellement 30 millions de logements et 840 millions de mètres carrés en tertiaire.
Après avoir hésité, les chercheurs privilégient le « stock sur le flux », c’est-à-dire la conversion écologique du parc existant plutôt que sa destruction et son remplacement. C’est en particulier l’approche de la fondation de recherche créée par EDF, Gaz de France, Arcelor, Lafarge, le CSTB et l’Ademe, dotée d’un capital de 8 millions d’euros. « Nous visons en priorité la maison individuelle, car c’est une grande partie du stock, et elle nous affranchit de l’inertie des copropriétés. Nous voulons partir de cas concrets : les propriétaires font des travaux à l’occasion d’un changement de vitrage, de la création d’une troisième chambre quand la famille s’agrandit, d’une véranda. Il s’agit de développer des paquets d’amélioration pour chaque situation, explique Alain Maugard. On n’avait jusqu’ici pas intégré que l’économie d’énergie n’est pas la motivation des travaux », renchérit Jean-Louis Plazy,directeur adjoint de l’efficacité énergétique à l’Ademe et directeur de la fondation.
La fondation insiste donc sur la recherche organisationnelle, économique et sociale. Les scientifiques travailleront notamment sur les contraintes d’acceptabilité. Trois projets de 500.000 euros seront financés cette année. La sélection se fera bientôt parmi 6 consortiums composés de laboratoires scientifiques, d’industriels de la construction, de bureaux d’études ou d’architectes. Certains proposent des technologies pour isoler des bâtiments historiques intouchables, d’autres développent des logiciels de simulation des gains thermiques. Un laboratoire du CNRS et de l’Ensa Nantes s’est penché sur l’optimisation de l’éclairage naturel. Avec un budget annuel de 7 millions d’euros, le Prebat abordera aussi la problématique de la rénovation ainsi que les technologies.
Source : http://www.lesechos.fr