En matière d’efficacité énergétique, l’ADEME a récemment orienté ses efforts sur la montée en compétences des opérateurs sur chantier. Cet objectif de la loi Grenelle passe par la mobilisation et la montée en compétence des professionnels du bâtiment essentielles pour parvenir à l’objectif gouvernemental de rénovation thermique de 500 000 logements par an en 2017, et contribuer pleinement à la transition énergétique. Et l’outil pratique qui va permettre aux maîtres d’ouvrages de lancer des projets réussis de rénovation est de s’adresser aux pros et artisans qualifiés par le RGE ( Reconnu Grenelle Environnement). En application dès le 1er juillet 2014, il est intéressant de savoir de quoi il s’agit avant l’enquête Domoclick.com sur BATIMAT 2013, en ligne prochainement.
Avec près de 1,5 million d’actifs, dont 315 000 artisans et chefs d’entreprises de moins de 10 salariés, le secteur du bâtiment pèse globalement 130 milliards d’euros de travaux annuels. Il équivaut, selon la Fédération française du bâtiment (FFB), à la moitié du secteur industriel et à deux fois les activités de banque et assurance en France. Un poids non négligeable qui le place aussi au premier rang des consommateurs d’énergie, avec 43 % de l’énergie finale consommée et, à la clé, 25 % des émissions nationales de CO2. Différentes mesures ont été prises pour diminuer l’impact environnemental et économique du secteur. La loi de programmation du Grenelle 2009** fixait en effet comme objectif la rénovation complète de 400 000 logements chaque année à compter de 2013. Actuellement, seuls 120 000 logements privés et 25 000 logements sociaux sont rénovés chaque année.
« Annoncé le 21 mars 2013 par le Président de la République, et présenté officiellement le 19 septembre dernier, le plan de rénovation énergétique de l’habitat va plus loin, détaille Jonathan Louis, ingénieur au service Bâtiment de la direction des Villes et Territoires durables de l’ADEME. L’objectif est de rénover 500 000 logements par an, d’ici à 2017, afin de diminuer de 38 % la consommation énergétique dans le secteur du bâtiment à l’horizon 2020. » Ce plan répond au triple enjeu de la rénovation énergétique : enjeu écologique, pour réduire les consommations et atténuer le réchauffement climatique ; enjeu social, pour lutter contre la précarité énergétique et maîtriser les charges qui pèsent sur les ménages ; enjeu économique, enfin, pour soutenir le développement de la filière de rénovation énergétique et plus largement l’activité dans le secteur du bâtiment, créateur d’emplois non délocalisables
Les pratiques doivent évoluer et évoluent.
Parvenir à ces objectifs suppose de disposer de professionnels encore plus compétents et formés aux enjeux de la transition énergétique et écologique. « Les pratiques doivent en effet évoluer, tout autant dans les domaines techniques – isolation, ventilation, étanchéité à l’air, développement des énergies renouvelables, etc. – que dans les approches globales, avec des synergies évidentes entre les différents corps de métiers et spécialisations », détaille Roselyne Forestier, chef de projet formation des professionnels du bâtiment et des EnR à l’Agence.
L’ADEME intervient sur la formation des acteurs du bâtiment depuis de nombreuses années, historiquement auprès de la maîtrise d’œuvre et plus récemment aux côtés des professionnels de la mise en œuvre, en orientant ses efforts sur la montée en compétence des opérateurs sur chantier en matière d’efficacité énergétique. Elle est ainsi partenaire du dispositif de formation FEE Bat, depuis son origine en 2007. En mai 2013, la nouvelle convention signée entre l’État, les professionnels du bâtiment et EDF – obligé du dispositif des certificats d’économies d’énergie (CEE) et qui contribue à 50 % du financement des formations – a permis de poursuivre le programme FEE Bat en 2013. L’ADEME œuvre par ailleurs pour compléter l’offre existante avec le dispositif PRAXIBAT®, qui s’appuie en particulier sur le maillage du territoire par des plateaux techniques pédagogiques.
« RGE », le nouveau repère pour mieux identifier les professionnels.
Dans le secteur du bâtiment et du logement, la qualité des travaux est une condition première pour atteindre l’efficacité énergétique et permettre les économies d’énergie. Du fait de la multiplicité des signes de qualité (labels, qualifications, certifications, marques…), le choix d’un professionnel compétent n’est pas aisé, notamment pour les particuliers. C’est pour mieux identifier ces professionnels que l’ADEME et le ministère du Développement durable ont lancé la mention « RGE » et signé, le 9 novembre 2011, une charte d’engagement avec les organismes de qualification et les fédérations professionnelles. L’État s’est engagé, pour soutenir la dynamique RGE, à mettre en place une éco-conditionnalité des aides aux travaux de performance énergétique réalisés par des entreprises qui bénéficient de cette mention. « La mise en place de l’éco-conditionnalité dès juillet 2014 devrait inciter les entreprises à suivre des formations FEE Bat et faire passer le nombre d’entreprises RGE de 9 000 en octobre 2013 à 20 000 d’ici à mi-2014 », poursuit Jonathan Louis. Un nouveau cap a été franchi lors de la dernière édition du salon Batimat, en novembre 2013, avec le lancement de RGE Études, qui concerne plus particulièrement les professionnels de la conception (voir encadré).
Enfin, dans un contexte plus large et cohérent avec les objectifs énergétiques de l’Union européenne (réduire de 20 %, d’ici à 2020, les émissions de gaz à effet de serre, améliorer de 20 % l’efficacité énergétique et augmenter de 20 % la part des énergies renouvelables), l’ADEME a coordonné, avec ses partenaires Alliance Villes Emploi, CSTB et AFPA, la réponse française à l’initiative européenne Build Up Skills (voir encadré ci-contre). Ce programme, qui s’est étalé sur 18 mois, a permis de produire, de façon concertée avec l’ensemble des acteurs concernés, une feuille de route qui précise les 17 actions à mener pour accompagner la montée en compétence des professionnels de chantier. La mise en œuvre de ces actions doit se réaliser dans le cadre du deuxième pilier de Build Up Skills. Celui-ci, d’une durée de trois ans, débutera en juillet 2014.
Domoclick.com
“Des professionnels bien formés et reconnus”
A SUIVRE, Jonathan Louis et Roselyne Forestier font le point sur les différentes actions de l’Agence en matière de formation dans le bâtiment:
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