Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a estimé jeudi 12.09. 2013 qu’il y a « une vraie révolution pédagogique en marche », lors d’un déplacement au collège Leonard-de-Vinci à Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor), un des 23 collèges pilotes « connectés » lancés à cette rentrée. En vidéo, vous pouvez suivre la magistrale leçon de pédagogie sur ce qu’est le SAVOIR par Philippe Meirieu qui pose tout d’abord la question de la démocratisation de l’accès à l’information , de l’Internet en mettant en garde sur 5 réalités à corriger.

Le chef du gouvernement a pu constater comment les collégiens et leurs enseignants utilisaient les nouvelles technologies pour les apprentissages, lors d’un déplacement avec le ministre de l’Education nationale Vincent Peillon et la ministre déléguée à la Réussite éducative George Pau-Langevin. Des élèves de 3ème européenne reconstituent des figures géométriques dans la cour avec des plots, prennent des images avec une tablette, puis les retravaillent et les expliquent sur tableau numérique interactif (TNI), en anglais, à l’écrit comme à l’oral.

Dans une autre classe de 3ème, en français, les élèves qui savent se servir de Twitter rédigent un mode d’emploi pour leurs camarades. Les autres imaginent par groupes une chute en 140 caractères pour une nouvelle de Claude Bourgeyx. De même, des élèves de Segpa (Section d’enseignement général et professionnel adapté) travaillent sur le développement durable, et sont en contact avec des élèves de Manchester par visioconférence.

« L’outil numérique n’est pas quelque chose d’inconnu pour les jeunes qui sont là », a souligné le Premier ministre, évoquant le livre du philosophe Michel Serres « Petite Poucette », laquelle est « à la fois est en connexion avec le monde entier, en connexion avec un savoir (…) mais en même temps, Petite Poucette est seule ». »On ne remplacera jamais le côté humain de l’éducation (…) le côté humaniste », a-t-il fait valoir. »Il ne s’agit pas seulement d’équiper, il s’agit d’inscrire l’arrivée de ces nouvelles technologies dans un projet », il y a « une vraie révolution pédagogique qui est en marche », a-t-il déclaré.

Numérique et Pédagogie : les 5 alertes de Philippe MEIRIEU
Qu’est ce que SAVOIR ? Qu’est ce qu’APPRENDRE ?

 
Il cite Bourdieu avec ce paradoxe « Toute offre de bien culturel augmente les inégalités » et explique que « démocratiser l’offre ne signifie pas démocratiser l’accès et encore moins la demande ». En offrant un plus grand choix dans l’offre culturelle on « subordonne la capacité à se saisir de ce qui est offert et a trier ce qui est offert à des capacités de traitement du symbolique qui sont elles mêmes construites par les sujets ». Et en déduit qu’ « en réduisant la fracture numérique on ne réduit pas la fracture culturelle ».
 
D’expérience il sait que « ce que les jeunes vont chercher sur Internet c’est ce dont ils savent que ça existe et dont ils savent qu’ils peuvent le trouver ».
Est ce qu’ils y rencontrent le savoir ?

– « Il n’est de savoir que porté par une exigence de rigueur, de justesse, de vérité qui se forge dans le rapport au savoir médiatisé  » précise Philippe Meirieu. Autrement dit, savoir suppose un acte cognitif, une saisie conceptuelle.
 
Savoir suppose ainsi d’avoir la certitude que ce qui est reconnu comme vrai l’est nécessairement, objectivement. Mais comment s’assurer de cette vérité ?
 

-Philippe MEIRIEU cite « trois méthodes de vérification de la vérité, la méthode expérimentale, la méthode comparatiste ,et la démarche heuristique  »
Et nous « invite à nous interroger sur la pratique de la probité intellectuelle dans l’usage des technologies de l’information et de la communication ».
Pour cela il renvoie aux « corollaires de la PROBITÉ  » énoncés par Édouard CLAPAREDE dans son livre  » Morale et politique ou les vacances de la probité  » écrit à la veille de la seconde guerre mondiale que sont les principes de non-infaillibilité, de non-opportunisme, d’impartialité, d’équité, d’information intégrale, de fermeté, de l’unicité de la morale .
 
Déjà ce psychologue genevois, fondateur de l’École des sciences de l’Éducation (l’Institut Jean Jacques Rousseau ) et inspirateur de Piaget, écrivait en 1939 :
 » le mal de notre temps , c’est peut être bien de se laisser bercer par les affirmations généreuses, mais aussi très générales, sans chercher à se représenter avec précision quels comportements elles impliquent »
 
Alors, comment intégrer la question de la probité dans la pratique du Elearning ? Comment pratiquer le principe d’information intégrale avec les 140 caractères de Twitter ?
 
Avec la troisième interrogation : qu’est ce qu’APPRENDRE ? Philippe Meirieu semble plus optimiste.Il considère en effet que la construction des outils du Elearning s’attache à « réfléchir dans la conception du programme sur ce qu’on met à disposition et ce qu’on demande de faire face à cela : comparer, induire, déduire, diverger… « L’introduction, dans la conception même du Elearning, de la notion d’activité mentale individuelle permet à l’apprenant « d’accéder à des savoirs nouveaux, surmonter des obstacles et construire des modèles ». Il cite alors KANT dans son essa i « Qu’est-ce que les lumières » : « Sapere aude ! Ose penser par toi-même ! »Pour Philippe Meirieu, construire une situation d’apprentissage c’est permettre l’interaction avec des documents, « de ressources, de contraintes, de règles, de modes de fonctionnement ». Et bien sûr,  « une situation d’apprentissage n’est pas une situation d’information ».

Source de la vidéo:
http://www.educavox.fr/formation/conferences/article/numerique-et-pedagogie-les-5http://www.youtube.com/watch?v=f_1uvHDCofk#action=share

http://www.educavox.fr/

Domoclick.com avec l’AFP et Claude TRAN