Le ministre de l’Industrie Eric Besson riposte sur tous les fronts.En visite à Bollène vendredi 16 septembre, il a déclaré que le scénario d’une réduction à 50% en 2025 de la part du nucléaire dans la production énergétique française, prôné par François Hollande dans le cadre des primaires du PS, était à l’étude parmi d’autres. « Ce scénario du nucléaire à 50% en 2025, j’ai demandé qu’il soit étudié au sein de la commission dite Energie 2050* que j’ai lancée récemment », a ajouté le ministre en marge d’une visite à Bollène (Vaucluse), après que Martine Aubry et François Hollande se sont opposés sur le sujet lors du premier débat des primaires du PS jeudi 15. »Mais il faut aller au bout du raisonnement », a ajouté M. Besson à l’intention de M. Hollande, en l’invitant à préciser « ce que seraient dans ce cas les énergies alternatives, leurs coûts et dans quelles conditions on maintiendrait le parc nucléaire à ce niveau ». »Par quoi remplace-t-on les centrales nucléaires qui atteindront 40 ans d’âge d’ici là, si dans le même temps on dit qu’il faut renoncer à l’EPR ? », a insisté le ministre.

Le ministre de l'industrie, Eric Besson, jette un oeil à sa droite et réplique à François Hollande (PS) le 16 septembre 2011 à Bollène (Vaucluse)

« Les Allemands ont décidé de sortir du nucléaire, mais en même temps ils acceptent une hausse du prix de l’électricité, l’ouverture de centrales au gaz et au charbon. On verra, dans l’élection présidentielle, quelle sera la position de chacun par rapport à cela », a poursuivi M. Besson. Le ministre, confiant avoir regardé l’intégralité du débat des primaires socialistes, a épinglé aussi Martine Aubry. « Elle a commis un certain nombre d’erreurs factuelles, comme lorsqu’elle dit que pour le démantèlement des centrales, il faut recycler les métaux utilisés dans l’industrie nucléaire, ce qui est impossible », dans un scénario de sortie du nucléaire, a-t-il dit.

« En France, la puissance éolienne installée a été multipliée par 4 et la puissance solaire photovoltaïque par 100 »

Le ministre a inauguré vendredi à Bollène la centrale photovoltaïque au sol installée par la Compagnie nationale du Rhône (CNR), filiale de GDF Suez, avant de visiter la nouvelle usine d’enrichissement d’Areva, « Georges Besse 2 », sur le site nucléaire voisin de Tricastin. « D’une puissance de quatre mégawatts-crête, notre ferme solaire produit 5.200 mégawatts à l’année, soit l’équivalent de la consommation en électricité de 1.500 foyers, hors chauffage », a précisé le PDG de la CNR, Michel Margnes. La centrale est composée de 17.600 panneaux solaires de fabrication française, pour un investissement total de 11 millions d’euros. »L’énergie solaire a un potentiel considérable, c’est notre conviction, même si elle doit encore progresser, notamment dans ses coûts », a souligné de son côté le PDG de GDF Suez, Gérard Mestrallet.

« Je lis et j’entends que le gouvernement aurait mis un frein aux énergies renouvelables, il leur a au contraire accordé un soutien sans précédent », a affirmé M. Besson, précisant que « depuis 2007, la puissance éolienne installée a été multipliée par quatre et la puissance solaire photovoltaïque par 100 ».
Dans le domaine hydraulique, autre spécialité de la CNR, MM. Margnes et Mestrallet ont fait du renouvellement des concessions un « enjeu majeur » pour 2012.
GDF-Suez veut accroître sa production hydro-électrique de 1.500 à 2.000 mégawatts d’ici à 2015, a souligné M. Mestrallet, rappelant au passage que la CNR est la seule compagnie du secteur à verser une redevance à l’Etat. »En ces temps où l’on cherche à supprimer des niches fiscales, je tenais à le signaler », a-t-il glissé.

Pour EDF, marge de sécurité « satisfaisante » pour les centrales françaises

EDF affirme que les centrales nucléaires françaises ont une « marge satisfaisante » pour les mettre à l’abri d’un accident de l’ampleur de Fukushima mais propose quand même des mesures nouvelles pour renforcer leur sécurité. « L’évaluation complémentaire de robustesse au-delà du domaine de sûreté », demandée par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN**) à l’exploitant pour chacune de ses 19 centrales, montre « qu’en ce qui concerne les moyens préventifs de protection des installations contre les effets d’un séisme et d’une inondation, le niveau de robustesse actuel procure une marge satisfaisante au-delà du dimensionnement ».
Cette auto-évaluation, selon des critères imposés par l’Etat, illustre également « une bonne robustesse des moyens de secours en place en cas de perte totale et cumulée des sources électriques et de refroidissement », écrit EDF dans chacun des rapports mis en ligne vendredi par l’ASN.

L’exploitant français propose toutefois de mettre en oeuvre plusieurs « parades supplémentaires » pour éviter un scénario similaire à celui de Fukushima: mise en place de pompes autonomes pour préserver une source de refroidissement, groupe électrogène « d’ultime secours » sur chaque site et constitution d’une « Force d’action rapide nucléaire (FARN) » capable d’intervenir n’importe où en France dans les 24 heures. Le ministre de l’Energie, Eric Besson, a estimé dans un communiqué que « les propositions des exploitants, puis les mesures décidées par l’ASN, permettront de faire encore et toujours progresser la sûreté de nos installations, dont je rappelle qu’elle est déjà extrêmement élevée ».L’ONG Observatoire du nucléaire a jugé « indécente » l' »autosatisfaction d’EDF », estimant qu' »aucune crédibilité » ne peut être accordée à l’auto-évaluation de ses activités par une entreprise commerciale ».

Areva arrive de son côté à des conclusions aussi rassurantes qu’EDF pour ses installations de La Hague (Manche), affirmant que les tests de résistance ne font « pas apparaître de risques de nature nouvelle par rapport à ceux pris en compte à la conception ».Le 11 mars dernier, un tremblement de terre et un tsunami hors normes avaient privé la centrale japonaise de Fukushima Daichi d’alimentation électrique et de refroidissement. Les coeurs de trois réacteurs étaient rapidement entrés en fusion, provoquant des explosions et d’importants rejets radioactifs dans l’environnement. Le gouvernement et l’Union européenne ont donc demandé aux exploitants d’effectuer des tests de résistance pour prendre en compte des phénomènes naturels extrêmes du même type que ceux qui ont frappé au Japon.

Selon EDF, il faudrait au moins 24 heures pour que le coeur d’un de ses réacteurs entre en fusion si une seule pompe subsistait pour alimenter le générateur de vapeur. Un délai qui serait seulement de « quelques heures » si le réacteur était totalement privé de pompe et donc d’injection d’eau. »Dans cette dernière situation extrême, c’est le confinement assuré par le bâtiment réacteur qui apporte une autonomie de un à trois jours, selon les scénarios d’accidents, avant rejets significatifs dans l’environnement », écrit EDF. »Au-delà de cette autonomie, ces rejets resteraient très inférieurs à ceux enregistrés à Fukushima », assure encore l’exploitant. Ces études, ainsi que celles déposées par Areva et le Commissariat à l’énergie atomique (CEA), seront analysées par l’ASN, qui présentera ses conclusions fin 2011 dans un rapport.

*La commission Energie 2050 est chargée d’élaborer les travaux en vue d’établir la stratégie énergétique française à l’horizon 2050. Le site officiel:
https://www.domoclick.com/economie-energies-eau-bilan-thermique-dpe/luc-besson-lance-la-consultation-energies-2050-avec-le-nouveau-site-de-son-ministere/

** ASN:
L’ASN a publié vendredi 16 septembre sur son site internet les « stress tests » qu’elle avait demandé aux exploitants (EDF, Areva, CEA…), le 5 mai dernier, de réaliser sur les installations dont elles ont la charge, suite à l’accident de Fukushima au Japon. Elle avait exigé des exploitants qu’ils étudient en particulier les conséquences d’incidents naturels (séismes, inondations, etc.) sur les sites nucléaires.
http://www.asn.fr/index.php/Les-actions-de-l-ASN/La-reglementation

Domoclick.com avec l’AFP