Selon les calculs de l’ONU, la population mondiale, qui doit dépasser les 7 milliards d’habitants le 31 octobre. Le rapport du Fonds des Nations Unies pour la population (Unfpa), publié mercredi 26 octobre, va plus loin et prédit que le nombre d’être humains sur Terre pourrait dépasser 10 milliards d’ici 2100, voire même les 15 milliards si les taux de fertilité se révélaient un peu plus élevés que les prévisions actuelles. « Avec seulement une légère variation de la fertilité, particulièrement dans les pays les plus peuplés, les chiffres pourraient être plus élevés » que les estimations actuelles souligne ce document. Contrairement aux idées reçues, la planète des hommes, avec une gouvernance concertée, serait capable de produire une alimentation pour chacun. Mais ce défi en appel deux autres: comment loger tout le monde ? Et contrôler l’impact de l’effet de serre généré par l’énergie nécessaire. Donnez votre avis et vos solutions !

L'espace rural de la "countryside" au Pays de Galles, à l'abri des mégapoles et des bidonvilles

Le document relève que l’impact de la poussée démographique engagée lors du baby-boom s’estompe dans les années 1960 et le paradoxe suivant : pendant les six dernières décennies, la fertilité moyenne mondiale a décliné, passant de 6 enfants par femme à 2,5 aujourd’hui (1,7 enfant dans les pays dit développés, 4,2 dans les pays en développement) alors que la planète compte 80 millions d’habitants supplémentaires chaque année.

L’EAU, QUESTION-CLÉ

« Notre record de population peut être considéré à de nombreux égards comme un succès pour l’humanité. Les gens vivent plus longtemps, en meilleure santé », note Babatunde Osotimehin, directeur exécutif de l’Unfpa, avant d’énumérer les défis qui découlent de ce constat : « Combien de gens notre Terre peut supporter ? Ce sont des questions importantes, mais peut-être pas celles qui conviennent. Quand on regarde seulement les chiffres, on risque de perdre de vue les nouvelles opportunités de rendre la vie meilleure pour tous dans l’avenir. »

A titre d’exemple, l’Unfpa estime qu’il faudra aider les moins de 25 ans – qui représentent 43 % de la population mondiale – à créer de la prospérité en leur trouvant des emplois, prendre à bras le corps le problème de l’équilibre entre populations rurales et urbaines grâce à une meilleure planification urbaine, et mieux appréhender l’immigration, notamment dans les pays riches dont la population vieillit inéxorablement. A cela il faut ajouter une des plus grandes questions de ce siècle, celle du manque d’eau. « Le monde devra faire face à un déficit de 40 % entre les demandes et les ressources disponibles d’ici 2030″, indique le rapport, qui rappelle également qu’il faut actuellement dix-huit mois à la Terre pour régénérer les ressources naturelles utilisées en une seule année.

DÉSÉQUILIBRE HOMME-FEMME

Un autre danger, qui ne figure pas dans le rapport de l’Unfpa, est pointé du doigt par le démographe français Christophe Guilmoto, qui craint qu’un déséquilibre des sexes, une masculinisation alarmante » selon sa formule, n’aboutisse à des conséquences extrêmement sérieuses. M. Guilmoto, comme de nombreux experts, estime que le déséquilibre homme-femme aura sur la société un impact similaire à celui du réchauffement climatique, invisible mais bien réel. Le ratio naturel de naissance est de 104 à 106 garçons pour 100 filles et tout changement de cette proportion ne peut s’expliquer que par des facteurs anormaux.

Or, dans des pays comme l’Inde ou le Vietnam, le chiffre est d’environ 112 garçons pour 100 filles. En Chine, la proportion passe quasiment de 120 pour 100, quand elle n’est pas de 130 garçons pour 100 filles dans certaines régions. En Azerbaïdjan, en Géorgie, en Arménie, en Serbie et en Bosnie, les ratios à la naissance sont tous de l’ordre de plus de 115 garçons pour 100 filles. « Non seulement ces hommes vont devoir se marier à un âge plus avancé, mais ils risquent de devoir rester célibataires dans des pays où presque tout le monde avait l’habitude de trouver une femme », analyse Christophe Guilmoto.

Certains experts craignent que ce nouveau contexte accroissent la polyandrie (une femme avec plusieurs époux) et le tourisme sexuel, tandis que d’autres anticipent des scénarios catastrophe où la prédation sexuelle, la violence et les conflits seraient les nouvelles normes sociales. Mara Hvistendahl, journaliste pour le magazine Science et auteur d’un récent essai intitulé Sélection non naturelle, objecte que les risques de guerres à grande échelle sont peu probables, rappelant notamment que l’Inde est une démocratie. Mais elle admet qu' »historiquement, les sociétés où le nombre d’hommes dépasse celui des femmes ne sont pas agréables à vivre ».

Exemple au Nigeria, pays Africain le plus peuplé,
dans le bidonville de Makoko, le boom de la population africaine

Les pirogues glissent sans bruit sur l’eau noire de Makoko, un bidonville sur pilotis qui grignote chaque jour un peu plus la lagune de Lagos tandis que sa population, à l’image de celle du continent africain, ne cesse de croître.Des dizaines de milliers de personnes vivent dans ces taudis de la capitale économique nigériane. Les conditions sanitaires y sont déplorables et il n’y a plus de place, ou presque, pour personne, selon l’un des chefs traditionnels, Jeje Albert Ayede, qui dit rejeter de nouveaux arrivants. Lundi, la population mondiale atteindra officiellement sept milliards d’êtres humains, selon les Nations unies. L’Asie est de loin le premier continent en nombre d’habitants mais l’Afrique celui dont la population augmente le plus vite. Ainsi, le Nigeria, son pays le plus peuplé avec 160 millions d’individus, devrait atteindre les 400 millions d’ici 2050, d’après les estimations de l’Onu.

Lagos, une mégapole de 15 à 18 millions d’habitants, est un pôle d’attraction pour toute la sous-région et ses infrastructures sont désormais largement dépassées. Un véritable casse-tête urbain: pas ou peu d’électricité, circulation dense et chaotique, routes défoncées et constructions anarchiques. Les défis sont importants, reconnaît le ministre de l’Environnement de l’Etat de Lagos, Tunji Bello, en termes de logement, de transport, d’emploi et de sécurité.

« Mais une population importante n’est pas un désastre, c’est aussi un avantage énorme, la Chine en est un exemple clair, l’Inde aussi », ajoute M. Bello, soulignant l’intérêt des investisseurs étrangers pour de tels marchés.
Tous les observateurs s’accordent sur l’énorme potentiel du Nigeria, dont la population est souvent décrite comme créative et ayant un sens aiguisé des affaires.
Puissance pétrolière, le pays tire annuellement des milliards de dollars de l’exploitation de ses sous-sols. Mais la corruption élevée a jusqu’à présent largement freiné son développement.

L’emploi des jeunes est une source de préoccupation majeure. Les observateurs craignent que les chômeurs se tournent vers le crime et la violence, notamment dans le nord à majorité musulmane, où existent des mouvements radicaux.
Selon la Banque mondiale, il y aurait dans le pays jusqu’à 50 millions de jeunes sans emploi ou sous-employés. « Une bombe à retardement », estime John Litwack, économiste en chef de l’organisation au Nigeria, où la criminalité est déjà élevée. L’une des réponses, selon Tunji Bello, c’est « d’encourager les investisseurs à venir au Nigeria, à y établir des industries, des activités commerciales pour créer des emplois ».

UNFPA:
http://www.unfpa.org/public/sitemap_fr

Domoclick.com avec MARK RALSTON pour l’AFP