Incendie à la Réunion, tempête de neige au Etats-unis et inondations ce Samedi 29 octobre à Bangkok. la capitale thaïlandaise, n’est pas engloutie sous deux mètres d’eau, comme peuvent le laisser croire les images des chaînes de télévision étrangères, tournées dans la banlieue de la capitale et les villes de province gravement touchées par la montée des eaux. Si le niveau d’eau atteint 30 à 50 cm dans certains quartiers nord et nord-est de la capitale, et menace la rive droite du Chao Praya, le fleuve qui traverse Bangkok à l‘ouest, le centre-ville lui, d’une superficie équivalente à la moitié de Paris, n’est pas concerné. Cette inondation dévastatrice en centre ville accable la Thailande (Le pays Liberté) avec le cyclone de mai dernier où les expats français se demandaient « Comment se fait-il qu’à aucun moment la population n’ait été alertée ? Partout dans le monde (voir notre sujet sur Xynthia*) s’impose des moyens de télécommunications et des innovations de prévention.Autant pour alerter les populations que de mobiliser des plans de secours coordonnées. Les catastrophes naturelles étaient une des préoccupations majeures du congrès de l’IUT qui s’est réunis jeudi 27 octobre à Genève. Faits marquants et solutions.

L'édition Le Figaro du 29 octobre 2011

L’aéroport international de Suvarnabhumi, qui accueille l’ensemble des vols nationaux et internationaux, n’est pas inondé et fonctionne normalement. Tous les transports en commun pour rejoindre Bangkok, à 40 km du centre, sont également opérationnels. Seul Don Mueang, l’ancien aéroport de Bangkok, a été fermé. Son impact sur le trafic aérien est cependant très limité, seule la compagnie low-cost Nok Air ayant dû annuler ses vols. Suite aux risques d’inondation dans le quartier de Lat Phrao, le Lycée Français International de Bangkok, qui accueille plus de 800 élèves, restera fermé jusqu’au lundi 7 novembre, a informé dans un communiqué aux parents d’élèves le proviseur, Emmanuel Rivas. La rentrée des vacances de la Toussaint était inititialement prévue le lundi 31 octobre.

Les télécommunications modernes peuvent sauver des vies en cas de catastrophes naturelles
et des procédures concrètes et applicables dans tous les pays, y compris les plus pauvres, doivent être mises en place pour s’y préparer, selon les ministres des TIC réunis jeudi 27 octobre à Genève.

« L’an passé, les catastrophes naturelles allant des sécheresses aux éruptions volcaniques ont tué et blessé plus d’un million de personnes dans le monde », a rappelé Brahima Sanou, membre de l’Union Internationale des Télécommunications (UIT).
Dans ce contexte, les technologies de l’information et de la communication (TIC) sont essentielles tant pour prévoir ces catastrophes que pour ensuite organiser les secours. « Il incombe aux gouvernements et aux institutions internationales d’oeuvrer de concert à trouver des solutions pour atténuer la souffrance et réduire l’impact des catastrophes et les TIC jouent un rôle primordial en matière de préparation mais également d’information sur la manière dont il faut y réagir », estime Saeed Ahmad Khan, vice-ministre en charge des TIC au Pakistan.

Après le tremblement de terre de 2005, « l’infrastructure que nous avons choisie de remettre en état en priorité était celle des TIC », car selon M. Kahn, c’est celle qui permet de remettre toutes les autres en état par la suite.Le Surinam a lui tiré les leçons des inondations qui ont ravagé le pays en 2006. « A l’époque nous n’avions aucun plan d’urgence et la logistique était insuffisante pour nourrir et soigner les personnes évacuées », raconte son ministre de la communication, Falisie Pinas.

« Nous avons aujourd’hui des dispositifs de secours en matière de télécoms: les pylônes et les stations de base (pour le mobile) ont été installés en altitude pour résister aux inondations », explique-t-il.De son côté, l’Ouganda, qui en 2007 a connu des glissements de terrain meurtriers, qui ont détruit le système de communication et ainsi empêché l’arrivée des secours, s’est doté grâce à l’aide de l’UIT d’un système de communication par satellite, qui peut servir en cas d’urgence, indique le ministre ougandais des TIC, Ruhakana Rugunda.

Le Sénateur en charge des TIC aux îles Grenades, Arley Gill, a également souligné l’importance d’utiliser les télécoms en amont pour la prévision et la détection des catastrophes naturelles. « Les systèmes d’alerte précoce peuvent nous permettre de nous préparer ».Grâce aux systèmes informatiques de prévisions météo, « nous avons constaté des progrès dans différentes régions du monde et nous sommes convaincus qu’elles pourraient nous être utiles », plaide-t-il, ajoutant « qu’il faut partager la technologie car le développement économique ne doit pas être discriminatoire en ce domaine: sauver des vies humaines ».

Si certains pays soulignent le prix de ces équipements et la nécessaire aide qui doit leur être apportée pour les acquérir, le directeur général de l’autorité de régulation des Emirats Arabes Unis, Mohamed Al Ghanim, a rappelé qu’avant de communiquer il fallait d’abord savoir quoi communiquer.Il a incité l’UIT à diffuser, parmi ses membres, une liste de données fondamentales qu’ils devront pouvoir donner aux sauveteurs en cas d’urgence:
– situation des hôpitaux,
-nombre de lits,
-salles d’opérations disponibles ou encore la liste des
-bâtiments pouvant être réquisitionnés pour l’hébergement d’urgence.

Un expatrié résidant à Rangoun témoigne le 5 mai, après le cyclone NARGIS**

« L’année scolaire qui s’achève aura été une année désastreuse. Et encore, ce mot est bien faible. Une année catastrophique. Après nous être remis tant bien que mal d’une révolution ratée qui avait très vite brisé nos espoirs les plus fous, cette fois-ci nous avons tous bien failli succomber à la furie dévastatrice de NARGIS. Mais d’où sort-il ce nom ? Est-ce un nom d’homme ? Un nom de femme ? Je n’en sais rien mais pour moi il sera désormais synonyme de folie destructrice.
ANNUS HORIBILIS

Le vendredi jusqu’à 22 heures, je suis dans un cybercafé et je parviens à envoyer un dernier email avant qu’internet ne soit définitivement coupé. J’ai pu lire le dernier bulletin de JTWC publié à 21h30. Parfois je pense à ces types installés dans leurs bases militaires quelque part aux Etats-Unis. Je me demande ce qu’ils ressentent. Les bulletins sont très froids et techniques. Je les imagine bien au chaud autour d’une bonne tasse de café. Un peu comme ceux qui avaient vu le tsunami arriver. Ils ne doivent pas pouvoir s’empêcher de faire une prévision sur le nombre de morts. Ca ne doit pas être bien difficile. Mais que peuvent-ils faire ? Qui peuvent-ils appeler ? Je ne sais même pas si les météorologues ici sont capables de faire un relevé correct de température. C’est le néant. Nous sommes à la fois dans le monde et hors du monde. Les cyclones Nargis ne peuvent exister que dans les imaginations d’hurluberlus américains. J’ai du mal à contenir mes larmes et ma colère. Si même moi qui n’ai pas fait d’études de météorologie je parviens à lire des bulletins d’alertes cycloniques et à deviner les dégats et pertes humaines qui vont s’en suivre, comment se fait-il qu’à aucun moment la population n’ait été alertée?

Rangoon allait être détruite, c’était clair. D’autre part, il y a ce qu’on appelle le « storm surge » ou brusque montée des eaux liée à une forte dépression. Cette montée des eaux devait être située entre 2.7m et 3.7m. Une véritable CATASTROPHE dans la région du delta de l’irrawaddy ou la plupart des villages et des rizières sont situées au niveau de la mer. Je n’ose pas imaginer à quoi ressemble cette région maintenant. Les mots me manquent pour décrire ce gouvernement. Croyez-moi si vous le voulez mais le samedi soir 3 mai, ils faisaient courir des bruits comme quoi un deuxième cyclone allait s’abattre sur Rangoon. INIMAGINABLE. Des centaines, peut-être des milliers de personnes sont mortes, et ces sales cafards n’avaient qu’une seule peur, que les gens descendent dans les rues, expriment leur mécontentement et remettent en cause leur pouvoir.(…)

L’ambassade de France : détruite à 40%. L’Alliance Française : détruite à 20%. Je n’arrive pas à décrire les enchevêtrements de troncs, d’arbres, de branches, de tuiles, de verre, de poteaux électriques et de fils électriques avec des mots. De même que le récit de la nuit de folie que nous avons vécue m’est impossible. Une longue attente. Attendre que ce boucan, ce vent, ce déchaînement s’arrête. Il y a un moment où on se dit qu’il faut que ça cesse. Et ça ne cesse jamais. Une rafale encore plus forte, encore plus longue, encore plus furieuse balaye tout sur son passage. Je n’ose pas penser aux villageois du delta de l’Irrawaddy dans leurs huttes en bois. Tous ces camions dans lesquels les militaires ont entassé les cadavres des moines et des civils qu’ils ont abattus en octobre pour aller les incinérer à la sauvette, ils auraient été bien utiles cette fois-ci. Je suis persuadé que même un pays aussi désorganisé que la Birmanie aurait pu évacuer à temps une bonne partie des habitants de l’Irrawady. Nargis aura encore une fois mis en évidence l’ignorance et la stupidité de ceux qui sont à la tête de ce pays. C’est affligeant, c’est triste et ça me brise le cœur. »

Source: Gavroche- Thailande, le 5 mai 2011 (Journal Gavroche, le portail d’informations des pays du sourire):
http://www.gavroche-thailande.com/actualites/birmanie/9-un-expatrie-residant-a-rangoun-temoigne

Carte de niveau des eaux à Bangkok, au 30 Octobre 2011:
http://www.thaitravelblogs.com/2011/10/map-of-flood-risk-areas-in-bangkok/

Le Petit Journal francophone en ligne des français à l’étranger: Ce site propose un résumé en français de l’actualité en France et dans le monde. Le lecteur trouvera entre autres chaque jour des informations sur la vie locale, un agenda de sorties et des petites annonces.
http://www.lepetitjournal.com/

** NARGIS, cyclone en Birmanie en mai 2008:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Cyclone_Nargis

RSF (Reporters sans frontières) a lancé vendredi une campagne de communication en France visant à sensibiliser les vacanciers sur les violations de la liberté de la presse au Mexique, Vietnam et Thaïlande/
http://fr.rsf.org/

Union de la Presse Francophone:
http://www.presse-francophone.org/

* Tempête Xynthia:
Domoclick.com