A Stuttgart, dans le sud de l’Allemagne, une maison capable de produire « zéro émissions, zéro déchets » avec « zéro énergie ». Inaugurée depuis 2014, elle représente aujourd’hui le symbole des constructions écologiques et intelligentes de demain, et est considérée, selon ses concepteurs, comme la « première maison active du monde », autrement dit c’est le premier habitat à énergie positive pour un impact environnemental nul .Présentation par Zooey Braun à Stuttgart pour Aktivhaus, adaptation par Celine Delbecque pour Filière 3e.

Un modèle en matière de bâtiment intelligent

A l’heure où le développement durable est placé au centre de toutes les discussions, il est difficile d’imaginer sa progression sans l’un de ses enjeux les plus concrets : la transition énergétique des bâtiments. Partout dans le monde, des constructions innovantes et audacieuses sont mises en place, traçant peu à peu les caractéristiques architecturales et urbaines de demain. C’est dans ce contexte qu’a été construite « la première maison active du monde », comme l’appellent ses concepteurs. Dans la ville de Stuttgart, au sud de l’Allemagne, un pavillon de 85 mètres carrés a ainsi pris place sur le sommet d’une petite colline : fait de verre, de métal et de bois, il représente l’un des bâtiments les plus modernes de la planète en terme de domotique et de construction respectueuse de l’environnement.

Cette maison, baptisée B10 en hommage au nom de sa rue (Bruckmannweg), a été imaginée par l’architecte allemand et ingénieur en génie civil Werner Sobek. Réalisée par l’entreprise Schwäbische Alb, spécialisée dans la construction des préfabriqués en bois, elle répond aux critères de ce que l’on peut appeler « le triple zéro » : elle ne nécessite ni énergie extérieure, ni émissions de gaz à effet de serre, et ne produit pas de déchets.

Dès son assemblage, en usine, aucune énergie fossile n’a été utilisée, afin de réduire au maximum l’éventuel rejet de pollution. D’autre part, la maison a été déposée à son emplacement actuel à l’aide d’une grue, et n’a nécessité aucune fondation, ce qui réduit considérablement l’empreinte au sol. En fait, la construction est capable de produire deux fois plus d’énergie que ce qu’elle consomme : son toit est recouvert de 40 panneaux photovoltaïques, et l’une de ses façades est composée de trois couches de verre ultra-fines et ultra-isolantes, permettant la conservation de la chaleur en hiver et de la fraîcheur en été. Inaugurée en 2014, elle est devenue un véritable modèle en matière de bâtiment intelligent.

Une maison auto-suffisante en énergie

En effet, comme défini sur le site du projet**, cette maison est « un bâtiment innovant et durable, qui produit toute l’électricité dont il a besoin à partir de sources d’énergies durables, et dont les matériaux peuvent être recyclés à 100%. » Différents systèmes permettent à cette construction d’être auto-suffisante en énergie, voire de produire plus d’énergie qu’elle n’en consomme. Au cœur du bâtiment, un boîtier a été installé, et possède la capacité de réguler la consommation d’énergie solaire de la maison. Il est également connecté à Internet, et peut analyser et anticiper la météo, permettant ainsi de déclencher numériquement le chauffage en hiver ou de le mettre hors tension lors des fortes chaleurs. D’autre part, ce boîtier analyse les jeux de lumière en fonction de l’orientation des maisons voisines, des arbres, des rayons du soleil… Et enregistre ces données pour ensuite répartir la chaleur en fonction de la taille des pièces, et du temps qu’elles mettent à chauffer.

Mais la technologie de cet outil ne s’arrête pas là : ce dernier est capable de ressentir la présence des habitants de B10, pour ainsi allumer ou éteindre les lumières, actionner les poignées de portes, ouvrir ou fermer les fenêtres, moduler la température de l’eau ou encore celle du réfrigérateur… les possibilités de ce nouveau système sont infinies. Si l’ordinateur peut mettre en place ces actions de façon numérique, les habitants de la maison peuvent également commander le système via leur Smartphone ou leur tablette, et ainsi rester maître de la technologie insérée dans le bâtiment.

Économie d’énergie et respect de l’environnement

Au niveau de l’économie d’énergie et du respect de l’environnement, la construction est également au sommet de l’innovation. B10 est composée d’une toiture comprenant 40 panneaux photovoltaïques, ayant la capacité de produire une énergie allant jusqu’à 10 kW. Pour ne pas gâcher le surplus d’énergie, une batterie lithium-ion de 11 kW/h a été installée dans le bâtiment, et peut stocker l’énergie pour la réutiliser la nuit ou lorsque le temps est couvert. Si la production est supérieure à la capacité de stockage de la batterie, l’énergie récoltée pourra alimenter deux voitures et deux vélos électriques, ainsi que le Weissenhof, le musée voisin construit par l’architecte Le Corbusier. En totalité, la maison est capable de produire plus de 8 300 kW, et de n’en consommer que 4 200 kW. Elle représente aujourd’hui un singulier objet d’étude, et les données enregistrées par les capteurs sont analysées par une équipe de l’Université de Stuttgart ainsi que par plus de 40 entreprises et projets partenaires*** .

D’ici quelques temps, B10 sera habitée par deux étudiants, qui testeront le mode de vie rendu possible par ses technologies. D’ici 2017, la construction pourrait être déplacée, et son concept dupliqué ailleurs sur la planète. D’après les créateurs du bâtiment, la construction d’environ 1000 maisons comme celle-ci pourrait représenter un changement d’envergure dans le monde de la domotique, et une grande opportunité pour la transition énergétique des bâtiments et le développement durable.

** Le site officiel en anglais :
http://www.aktivhaus-b10.de/en/home/

*** Source Filière 3e:
http://www.filiere-3e.fr

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Jérome Robert
Ex concepteur-redacteur multimedia, Jerome ROBERT est co-fondateur du site Domoclick.com créé en 2000 à Albi (81000 FRANCE) sur l'innovation et la communication dans l'habitat. Il a co-écrit avec Laurent FABAS (ingénieur thermicien) le "Guide de la maison économe, la solution écologique" (Eyrolles pratique 2008) !