Ce 20 juillet est-elle une date clé mondiale pour la lutte concrète contre les effets du changement climatique ? D’un côté , à New York le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a estimé que les changements climatiques génèrent un « cocktail détonant » de catastrophes naturelles qui menacent la sécurité mondiale sans que les membres du Conseil de sécurité des Nations unies ne réussissent à trouver un consensus pour « qualifier le réchauffement climatique de menace directe à la paix et à la sécurité. De l’autre côté à Paris, la France s’est dotée d’un plan national d’adaptation pour en limiter les impacts sur l’agriculture, l’eau, la santé, ou encore le littoral. Mme Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l’Ecologie, a présenté le même jour, le 20 juillet 230 mesures pour y faire face. « On sait que le mouvement est inéluctable et la responsabilité de l’Etat est de prévenir la vulnérabilité » a souligné la ministre de l’Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, en présentant les 80 actions déclinées en plus de 230 mesures et recommandations à mettre en oeuvre d’ici 2015. Compte-rendu des deux côtés de l’Atlantique
Associé à l’élaboration du plan, le climatologue Jean Jouzel, vice-président du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (Giec), a « hésité » à s’engager avec son comité scientifique car il craignait que mettre en avant l’adaptation « masque la nécessité de lutter contre les gaz à effet de serre (GES) ». Mais, quelles que soient les « incertitudes » quant à l’évolution du climat et l’amplitude des changements, « les certitudes sont suffisantes pour passer à l’action », a-t-il ajouté. Le plan d’adaptation est basé sur des scénarios établis par Météo France et l’Institut Pierre-Simon Laplace tablant sur une hausse de la température moyenne en France de 2 à 3,5 degrés d’ici la fin du XXIe siècle. Ces scénarios prévoient un rallongement des périodes de sécheresse estivales et de nouveaux records de chaleur surtout dans le quart sud-est du pays. « Le nombre des jours de canicule pourrait être multiplié par cinq », selon M. Jouzel.
La lutte contre les changements climatiques repose sur deux leviers :
– la réduction des émissions de gaz à effet de serre pour contenir le réchauffement.
– l’adaptation de la société à ce climat modifié : il s’agit de se préparer dès maintenant pour prévenir les risques humains, environnementaux, matériels, et financiers.
Quatre axes majeurs ont été privilégiés: l’eau, la santé, l’aménagement du territoire et les forêts.
« L’économie est encore le meilleur usage de l’eau (…) et le plan vise à une réduction de la consommation de 20% d’ici 2020 », a rappelé la ministre de l’Ecologie, reprenant une idée lancée lors de la sécheresse exceptionnelle en mai. Eviter les fuites dans les réseaux d’eau potable, responsables de 25% des pertes, réutiliser les eaux usées traitées et améliorer les performances des tours réfrigérantes des centrales nucléaires sont d’autres mesures prévues.
Côté santé, les hausses de températures vont favoriser le développement d’insectes, de micro-organismes producteurs de toxines et de pollen allergisant. La création d’un groupe de veille santé-climat devra alerter les pouvoirs publics sur les situations critiques.
Le Comité français d’observation des allergies (CFOA), parlant au nom des « 16 millions de Français qui souffrent d’allergies et qui ont trop souvent le sentiment de ne pas être entendus », a insisté pour que le plan se traduise en « mesures concrètes ». En outre, « les infrastructures ferroviaires, routières et les constructions de logements, tous ces ouvrages doivent durer au moins 50 ans, il faut donc les adapter » au changement climatique.
Le plan prévoit de modifier les normes de conception et construction pour en tenir compte.
Par exemple pour le littoral, le risque de submersion, avec la montée attendue du niveau de la mer, sera inscrit dans les plans de prévention des dangers pour ces zones. Tirant les enseignements de la canicule de 2003, il y aura de nouvelles normes sur le confort d’été des logements neufs, entre autres. Quant à la forêt menacée par la sécheresse et les incendies de forêts plus fréquents, « il va falloir diversifier les ressources génétiques des essences d’arbres pour mieux adapter le parc forestier français », selon NKM. Un budget de 171 millions d’euros sera dédié aux nouvelles mesures, auquel s’ajoutent 391 millions au titre des investissements d’avenir.
Les désastres naturels menacent la sécurité selon le secrétaire général de l’ONU
Les changements climatiques génèrent un « cocktail détonant » de catastrophes naturelles qui menacent la sécurité mondiale, a estimé le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon. Les 15 membres du Conseil de sécurité des Nations unies n’ont toutefois pas réussi mercredi 20 juillet à trouver un consensus pour qualifier le réchauffement climatique de menace directe à la paix et à la sécurité, suscitant la colère des Etats-Unis qui ont qualifié la situation de « pathétique ». « Les catastrophes naturelles sont de plus en plus fréquentes et violentes dans les pays riches comme dans les pays pauvres, anéantissant vies, infrastructures, institutions et budgets. Un cocktail détonant qui peut créer de dangereux vides pour la sécurité », a déclaré M. Ban durant les débats au Conseil de sécurité.
« C’est une menace pour la paix et la sécurité internationale », a ajouté le secrétaire général de l’ONU.
Mais dans son communiqué, le Conseil de sécurité se contente d' »exprimer son inquiétude que de possibles effets hostiles du changement climatique puissent, dans le long terme, aggraver certaines menaces existantes à la paix et la sécurité ». Les petits Etats des îles du Pacifique réclamaient une mention explicite de la dangerosité du changement climatique. Le président de la république de Nauru, Marcus Stephen, a notamment prévenu que plusieurs îles pourraient disparaître de la carte. L’ambassadrice américaine à l’ONU, Susan Rice, ne cachait pas sa colère après les débats à l’ONU. « C’est plus que décevant. C’est pathétique, cela dénote un manque de prévoyance, et franchement, il s’agit d’un manquement au devoir », a fustigé Mme Rice.
Lors des débats, les représentants de la Chine et de la Russie notamment ont expliqué que le Conseil de sécurité n’avait pas vocation à régler cette question. Un haut responsable de l’ONU a pourtant averti qu’avec les changements climatiques qui s’accélèrent, les catastrophes naturelles vont se développer « de façon exponentielle » avec des conséquences pour la sécurité mondiale. Achim Steiner, directeur général du Programme pour l’environnement des Nations unies, s’est basé sur un scénario d’une élévation des températures de 3 à 4 degrés au cours du siècle et une augmentation du niveau des mers d’un mètre. Les menaces sont nombreuses, a-t-il souligné, citant la sécheresse en Somalie actuellement, les inondations au Pakistan et leurs implications pour le marché de l’alimentation.
« L’étendue de ces désastres naturels va augmenter de façon exponentielle, sans que nous n’en connaissions encore toutes les implications », a-t-il déclaré.
Source:
http://www.developpement-durable.gouv.fr/Une-premiere-en-Europe-la-France.html
Domoclick.com avec l’ AFP