Sous le feu des critiques pour avoir envoyé des signaux contradictoires sur la place du photovoltaïque en France, le gouvernement lance une série d’appels d’offres qui, assure-t-il, permettront de « donner de la visibilité » à cette industrie prometteuse. « Je fais sur le photovoltaïque ce que j’ai fait pour l’éolien en mer, c’est-à-dire de lancer de gros appels d’offres pour donner de la visibilité à l’industrie et se donner les moyens d’installer une telle filière en France et y développer l’emploi », a indiqué lundi 18 juillet la ministre de l’Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet. Un dossier vital à suivre cet été tant par ses enjeux industriels que par les emplois induits

Reconnaissant que « pour les entreprises du photovoltaïque, cela fait deux ans et demi que le système changeait tous les six mois », elle a affirmé qu’avec les appels d’offres qui seront lancés prochainement, « le système ne change plus » et le gouvernement « donne de la visibilité pour les années qui viennent ». Les multiples changements de normes et le moratoire de trois mois décrété en décembre sur l’obligation de rachat par EDF de l’énergie solaire aux tarifs alors en vigueur (sauf pour les particuliers) avaient conduit l’ensemble des industriels de la filière à critiquer le manque de cohérence du gouvernement.

A peine une semaine après l’appel d’offres pour 600 éoliennes en mer, NKM a annoncé le lancement le 1er août d’un appel pour 120 mégawatts-crête (MWc, unité utilisée dans le secteur solaire) et six projets de 30 MWc chacun à raison d’un par trimestre. D’autres projets (de plus de 250 KWc) suivront en septembre, au total 450 MWc, soit le regroupement de deux ans et demi de capacité lancé en une seule fois. Les candidats seront sélectionnés en mars ou avril 2012, « avant l’élection présidentielle », selon la ministre, dont l’objectif est « de passer un nouveau contrat de confiance avec l’industrie solaire en France ». « On s’était lancé sur des objectifs de puissance mais à partir de matériel importé » à bas prix de Chine surtout, a-t-elle rappelé, en insistant sur l’opportunité donnée maintenant de développer en France une filière à haute valeur technologique créatrice d’emplois et d’exportations.

Richard Loyen, délégué général de l’association Enerplan regroupant les professionnels du secteur, a exprimé ses doutes sur la sincérité du gouvernement « entre un Eric Besson (ministre de l’Energie) qui dit que le solaire ce sera bien quand ce ne sera plus intermittant et NKM qui veut resigner un pacte de confiance alors que le précédent a été déchiré ». « L’intransigeance du gouvernement devient parfois irrationnelle comme par exemple lorsqu’on s’interdit de faire du solaire sur les ombrières de parkings », a-t-il ajouté, « alors qu’on a là de la surface déjà urbanisée comme des parkings de gare, d’usine, de supermarchés avec des débouchés pour consommer l’électricité ».
Du côté du Syndicat des énergie renouvelables (SER), le délégué général Jean-Philippe Rouli a souligné qu’appel d’offres ne signifiait pas contrat signé. « Il va s’en suivre au moins six mois pour préparer et remettre les offres, et ces projets ne pourront réellement être mis en oeuvre que sur des commandes de 2012, alors que fin 2011 va s’arrêter le stock des projets bénéficiant des anciens tarifs », a-t-il déploré.

Selon Mme Kosciusko-Morizet, les critères pour le choix des projets porteront sur le prix, un volet industriel, un volet environnemental, avec obligation de démantèlement en fin de vie et des garanties sur les délais et la faisabilité. « Avec le nouveau dispositif, j’attends plusieurs milliers d’emplois industriels », a indiqué la ministre, tout en refusant de s’engager sur des « chiffres précis ».

Domoclick.com avec l’AFP