Loin des toilettes turques des cafés français décrites par les livres de Peter dans Une année en Provence, plus loin encore des toilettes sêches des écolos Européens, voici les toilettes électroniques conçus par les Japonais il y a pourtant déjà 30 ans ! Parmi les objets distingués cette année par la Société japonaise de l’ingénierie mécanique, figurent les fameuses toilettes électroniques à jet d’eau « Washlet-G ». Développées par l’entreprise nippone de sanitaires Toto en 1980… mais toujours pas adoptées en France, les toilettes électroniques sont un des trait marquant du mode de vie japonais. Le choc des cultures est ici bien illustré par les dessins de J.P. Nishi, dans un style proche de son dernier manga – A nous deux, Paris ! – (éditions Picquier). Reportage de Karyn Poupée pour Clubic.com

Dessins de J.P. Nishi, dans - A nous deux, Paris ! - (éditions Picquier)
Réputé comme étant un pays de technologies, le Japon tient à entretenir son patrimoine. Créée il y a 115 ans, la Société japonaise de l’ingénierie mécanique, une organisation qui regroupe ingénieurs, chercheurs, techniciens, étudiants et entreprises, est chargée depuis 2007 de désigner chaque millésime des appareils qui, selon elle, doivent rester dans l’histoire car ayant apporté une contribution essentielle au progrès technique et industriel ainsi qu’une amélioration de la société et de la vie quotidienne.

En prélude au « jour des machines », le 7 août, et au terme d’un long processus de sélection et étude d’un an, la Société japonaise de l’ingénierie mécanique a annoncé cette semaine les cinq appareils retenus pour entrer dans la liste très restreinte du « patrimoine japonais des machines ». Les Washlet-G de Toto en font partie. « Initialement, au Japon, on n’avait pas l’habitude de se laver le derrière aux toilettes avec de l’eau tiède », rappelle l’organisme dans son argumentaire, « mais Toto a importé cette idée d’abord en commercialisant en 1964 au Japon des toilettes « Wash air seat » de l’entreprise américaine Bidet initialement destinées aux hôpitaux et autres structures de soins ».

Las, ces toilettes à l’esthétique très « appareil médical » ne se sont pas vendues du tout. Toto, cependant, avait mordicus l’envie que les foyers nippons s’équipent de ce genre de sanitaires ultra-modernes. Si bien qu’en 1978, le groupe décida de développer lui-même des modèles qui puissent convenir à monsieur tout-le-monde. En apparence cela paraissait simple, mais la réalité était tout autre. Vous n’imaginez pas le nombre de paramètres qu’il fallut prendre en compte et les technologies à inventer ou adapter pour rendre l’objet fiable et sûr, car généralement, électronique et eau ne font pas bon ménage (court-circuit, électrocution, surchauffe, etc.).

La plupart des lieux collectifs (magasins, restaurants, hôtels, entreprises) du Japon sont dotés de ce type de toilettes (très souvent des modèles Toto) et plus de 70 % des maisonnées en sont équipées. Plus récemment les trains à grande vitesse nippons (Shinkansen) et les nouveaux avions (Booeing 787 d’All Nippon Airways – ANA) sont aussi pourvus de ces toilettes high-tech. Au total, à lui seul, Toto en a vendu plus de 30 millions en 30 ans, auxquels s’ajoutent ceux des rivaux. Le pionnier propose même depuis 1995 des versions de poche (110 euros) que l’on peut ainsi utiliser dans toutes toilettes du monde. Le modèle portable est aussi recommandé pour nettoyer les fesses de bébé lors des changements de couches hors de chez soi.

A l’étranger en revanche, en dehors de quelques grands hôpitaux, hôtels et autres de lieux prestigieux, ça ne prend pas. Ce toilettes électroniques sont même souvent critiquées (gâchis d’énergie et d’eau) par des personnes qui n’ont le plus souvent jamais essayé et ignorent non seulement le confort qu’elles procurent, mais aussi le fait qu’elles ne sont pas nécessairement si énergivores, que grâce à un système d’aspiration et de tourbillon elles n’usent que 6 litres d’eau ou moins (contre 13 litres pour des chasse d’eau traditionnelles) et qu’elles ont en plus des vertus hygiéniques et sanitaires limitant notamment la consommation de médicaments laxatifs et de papier-toilette. Pour l’anecdote, sachez enfin que, par je ne sais quelle coïncidence, Toto n’a rien trouvé de mieux que de baptiser son revêtement antisalissure de sanitaires « Ce Fion tect », ce qui ne laisse de surprendre tout Français de passage dans des toilettes nippones.

En 1980, le modèle initial, Washlet-G, fut mis en vente. Non sans rencontrer une certaine réticence de la part des médias, Toto réussit à en faire astucieusement la promotion dans les journaux et à la télévision avec le slogan « moi aussi je veux qu’on me lave les fesses ». Le prix des premières versions excédait 150 000 yens (plus de 1 500 euros au cours actuel) mais, rapidement, Toto parvint à proposer des variantes un tiers moins onéreuses, facilitant ainsi l’adoption par les foyers, d’autant que les firmes concurrentes s’y mirent aussi.

Actuellement, dans les grandes surfaces d’électronique, s’alignent plus d’une cinquantaine de modèles récents signés Toto, Inax, Panasonic ou Toshiba, pour un prix allant de moins de 150 euros à plus de 1 500 euros avec des fonctions de plus en plus perfectionnées (siège à ouverture automatique chauffant, commandes murales à infrarouge, différents jets d’eau pour hommes et femmes avec position, pression, mouvements et température ajustables, séchage, système de nettoyage du dispositif à jet d’eau, désinfection de la cuvette, désodorisant à ions négatifs, fonctions d’économie d’énergie et eau selon la fréquence d’utilisation, fausse sonorité de chasse d’eau pour masquer les buits honteux, pesée de la personne, chasse d’eau automatique, etc.).

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