A mobilisation d’urgence, situation critique. Un entrepreneur breton est en grève de la faim pour défendre le photovoltaïque. Il vient d’être hospitalisé le 21 juillet après une grève de la faim de 11 jours pour réclamer le raccordement de sa ferme photovoltaïque au réseau et obtenir des réponses pour la filière énergétique, en crise après des mois d’atermoiements gouvernementaux, reste déterminé et veut continuer son combat. Reportage à SAINT-ALLOUESTRE (Morbihan) par l’AFP.

(photo de l'AFP)
(Photo: Franck Le Borgne pose devant l’un des 60 panneaux solaires installés à Saint-Allouestre, dans le Morbihan, le 20 juillet 2011)

Jeudi 21 juillet, suite à un malaise, Franck Le Borgne a été hospitalisé mais selon son épouse il a assuré que « cela ne stoppe en rien son combat et sa détermination ». « On n’entre plus dans aucune case, il n’y a plus de tarifs de rachat de l’électricité pour les centrales solaires de moins de 250 KWC », avait expliqué mercredi à l’AFP Franck Le Borgne, dirigeant de One Network Energies, qui campait sur le site et doit fêter ses 46 ans vendredi.

Affaibli mais déterminé il est devenu en quelques jours le symbole des victimes des volte-face du gouvernement au sujet du développement de l’énergie photovoltaïque qui s’est soldée par 14.000 licenciements, selon les acteurs de la filière. Franck Le Borgne a résisté grâce aux soutiens, politiques comme la candidate EELV Eva Joly, ou professionnels, avec des acteurs de la filière de la France entière qui se sont rassemblés mercredi en fin de journée sur le site pour manifester à ses côtés.

La spécialité de son entreprise, ce sont les « suiveurs solaires » qu’il a créés, des panneaux solaires sur pieds rotatifs capables de suivre le mouvement solaire pour « optimiser la production de 44% dans les régions les moins gâtées par le soleil », comme la Bretagne.
Il a investi 1,5 millions d’euros pour son projet pilote installé sur une friche industrielle de Saint-Allouestre (Morbihan) avec une puissance de 412 KWC (kilowatts crête, unité utilisée dans le secteur solaire), soit 60 suiveurs solaires géants. Le tout se répartit entre quatre porteurs de projet, futurs exploitants.

Le dossier a été envoyé dans les temps mais à cause d’un retard de cinq jours de l’envoi par ERDF de sa lettre d’accord, il est tombé sous le coup du moratoire sur la filière photovoltaïque au 1er décembre minuit. « Il y a eu rétention administrative, c’est odieux, méprisant, inhumain », dénonce celui qui affiche ses convictions sur deux affiches géantes accrochées à des panneaux photovoltaïques. Il a multiplié les recours, auprès du gouvernement, jusqu’au chef de l’Etat, et des instances de conciliation, mais en vain. Pourtant, jeudi « il s’est entretenu avec Mme Nathalie Kosciusko Morizet. Suite à cet entretien, il est dans l’attente d’une confirmation de rendez-vous au ministère de l’Ecologie », a précisé son épouse dans un courriel.

Son site du Morbihan, mais aussi un autre en Vendée de près d’un million d’euros, sont flambants neufs mais ne peuvent être raccordés au réseau. Son projet de construire une usine de fabrication de suiveurs solaires en Bretagne est aussi tombé à l’eau. « Ma revendication est simple, corrigez cette erreur administrative », demande Franck Le Borgne. C’est assis sous un de ses panneaux solaires dans un abri improvisé avec des bottes de paille qu’il répondait aux journalistes, réfutant sans sourciller tous les maux dont on a pu accuser les entrepreneurs du photovoltaïque et critiquant « l’hypocrisie » du gouvernement.

« Oui » ses panneaux solaires viennent de Chine mais « la France a pris le train du solaire avec des années de retard et on ne peut pas aujourd’hui être à la hauteur des Allemands ou des Chinois ». « Nous sommes des créateurs d’emplois, pas des spéculateurs », ajoute-t-il aussi. Selon lui, la filière photovoltaïque avec les fermes au sol, « ce sont les tarifs les plus bas que vous puissiez avoir en rachat d’énergie, ça n’augmente pas la facture de courant des particuliers ». « C’est une chasse aux sorcières », assure le patron qui tenait difficilement debout mais continuait sa lutte « si ça peut sauver quelques centaines d’emplois ».

Domoclick.com avec l’AFP