Un rapport de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables a établi par pays le lien entre la production d’énergies renouvelables et la création d’emplois. L’Europe se retrouve distancée par les pays émergents. Saviez-vous que le pays le plus pollueur au monde était aussi le plus grand employeur dans le secteur des énergies renouvelables ? Réponse dans le livre-magazine WE DEMAIN.
C’est l’une des informations que livre le rapport 2015 Énergies renouvelables et emploi. Publié par l’IRENA (l’Agence internationale pour les énergies renouvelables) le 19 mai, il analyse la création d’emplois dans les secteurs du photovoltaïque, des biocarburants ou encore de l’éolien. Ce pays, c’est la Chine. En 2014, il comptait au total 3 390 000 emplois dans les énergies renouvelables, soit la moitié de ceux existants dans le monde (7,7 millions).
Et alors que l’Empire du milieu creuse son avance, un autre pays émergeant, le Brésil, conforte sa place de numéro 2 des plus gros employeurs du secteur des renouvelables, notamment grâce aux biocarburants. Sur la troisième marche du podium, on retrouve les États-Unis.
Le photovoltaïque européen à la peine
Avec 2,5 millions de salariés dans le monde, c’est le le photovoltaïque qui emploie le plus en 2014. Un secteur particulièrement dynamique en Asie, puisque les trois quarts de ses effectifs sont situés en Chine ou au Japon. À l’inverse de l’Europe, où le nombre de postes dans le photovoltaïque a baissé de 35 % par rapport à 2013.
Les raisons de cette perte de vigueur du secteur solaire sur le vieux continent ? Après y avoir investi massivement, l’Espagne et l’Allemagne se sont concentrées sur l’éolien en 2014, notamment afin d’anticiper les préconisations de la Commission européenne relatives à la libre concurrence.
La France, qui a continué de privilégier le solaire, a souffert de cette nouvelle donne concurrentielle. Pour s’y conformer, le gouvernement a dû supprimer les taxes sur l’importation de panneaux solaires étrangers. Des barrières douanières qui permettaient jusqu’alors aux entreprises françaises de rester compétitives.
Si la France se hisse malgré tout parmi les 10 pays au sein desquels les énergies renouvelables emploient le plus, l’emploi dans ce secteur enregistre une baisse de 4 % depuis 2013. Et l’IRENA ne prévoit aucune amélioration pour l’année à venir.
Plusieurs explications sont avancées, notamment par EurObserv’Er, un consortium dédié à l’étude des énergies renouvelables dans l’Union européenne. Selon cet organisme, la chute des prix consécutive aux gains de productivité, conjuguée à la réduction des aides étatiques, a entraîné, en France, la disparition progressive d’une large part des acteurs du secteur.
Un jeu à armes différentes
EurObserv’Er insiste à ce propos sur la nécessité de relativiser les disparités d’un pays à un autre. En Chine, par exemple, les subventions étatiques restent bien plus importantes (5 centimes par kWh produits). Sans l’aide de l’État, le secteur serait donc en difficulté, car le coût des énergies renouvelables y demeure supérieur à celui de l’électricité fossile.
Une chose est sûre : en France comme ailleurs dans le monde, la courbe de l’emploi n’épouse pas celle de la montée en puissance des énergies renouvelables. Seule une minorité de sociétés d’envergure internationale reste aujourd’hui capables de résister aux aléas du marché.
EurObserv’Er se montre toutefois plus optimiste que l’IRENA. Selon ce dernier, si le retrait anticipé de certains droits à polluer pour les entreprises (sous forme de quotas de carbone) était décidé, comme le réclament plusieurs députés européens, l’emploi dans les énergies renouvelables pourrait retrouver un nouvel élan en France.
Par Jean Duffour le 28 Mai 2015, Journaliste à We Demain @JeanDuffour
Source: Le livre-magazine WE DEMAIN:
http://www.wedemain.fr/Planete_r11.html
IRENA : l’Agence internationale pour les énergies renouvelables:
http://irenanewsroom.org/