Avoir accès à des toilettes peut être une question de vie ou de mort. C’est ce que rappelle, depuis douze ans, la Journée mondiale des toilettes***, organisé hier, et reconnue cette année par l’ONU. Plus de deux milliards et demi de personnes, soit près de 40 % de la population mondiale, n’ont pas accès à des toilettes convenables, là où les eaux usées ne sont pas en contact avec l’utilisateur. C’est sur ce constat mal connu que la fondation du milliardaire Bill GATES a récompensé plusieurs projets , l’été dernier dans ce domaine des toilettes du futur: « une nécessité pour la santé publique et la dignité humaine ». Présentation de cette incohérence sanitaire mondiale, de l’aide financière de Bill Gates et des idées de business vues aux Pays-Bas.

Le cofondateur de Microsoft devenu milliardaire et philanthrope, est en quête des toilettes du futur, une nécessité « pour la santé publique et la dignité humaine », car le manque d’accès aux sanitaires est « un fardeau économique et de santé publique pour des communautés pauvres ». Le premier prix de la foire de Seattle a été remis au California Institute of Technology, qui a imaginé des toilettes fonctionnant à l’énergie solaire et produisant de l’hydrogène et de l’électricité.

La fondation créée par Bill Gates et son épouse Melinda a récompensé mardi 14 août 2013 plusieurs innovations présentées lors d’une grande foire sur ce thème à Seattle, dans l’Etat de Washington (nord-ouest des Etats-Unis). « Les toilettes sont très importantes pour la santé publique et, quand vous y songez, pour la dignité humaine », écrit le milliardaire sur son site thegatesnotes.com. « Les toilettes avec chasse d’eau que nous avons dans nos pays riches sont (…) impossibles à utiliser pour 40% de la population mondiale, parce que ces gens n’ont souvent pas accès à l’eau, à des égouts, à l’électricité ou à des systèmes de traitement des déchets », poursuit-il.

Des toilettes fonctionnant à l’énergie solaire

« Au-delà de la question de la dignité humaine, le manque d’accès à des toilettes met en danger la vie de nombreuses personnes, créé un fardeau économique et de santé publique pour des communautés pauvres, et souille l’environnement », ajoute Bill Gates. Selon la Fondation Gates, le premier prix de la foire de Seattle a été remis au California Institute of Technology, qui a imaginé des toilettes fonctionnant à l’énergie solaire et produisant de l’hydrogène et de l’électricité. Le deuxième prix est revenu à l’université anglaise de Loughborough pour des toilettes recyclant les excréments en charbon, en minéraux et en eau. Le troisième prix, décerné à l’université canadienne de Toronto, a récompensé une invention quasi similaire.

Faute d’installations d’as- sainissement, 1,1 milliard de personnes, soit 15 % de la population mondiale, doivent déféquer dans la nature. L’Inde est le pays où cette pratique est la plus répandue : 626 millions de personnes y recourent. Or le manque d’accès à des installations d’assainissement et d’hygiène est l’une des causes principales de propagation des maladies et de décès. Près de 2 000 enfants dans le monde meurent chaque jour de maladies, évitables, liées à la diarrhée.

En vingt ans, la situation s’est toutefois un peu améliorée. En 1990, 49 % seule- ment de la population mondiale avait accès à des « installations d’assainissement améliorées », selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). En 2012, cette proportion est passée à 63 %. Mais elle reste encore loin des Objectifs du millénaire pour le développement, qui la fixent à 75 % d’ici à 2015. Les efforts déployés pour fournir des toilettes subventionnées se sont heurtés à des résistances dans de nombreux pays en développement, principalement pour des raisons culturelles, note l’OMS.

Selon Jack Sim, fondateur de World Toilet Organization***, l’association à l’origine de cette Journée mondiale, la principale raison pour laquelle tant de gens n’ont pas de toilettes, c’est qu’ils n’en voient pas l’utilité. En 2008, « l’échec relatif de projets des- tinés à fournir des toilettes fortement subventionnées ou gratuites a poussé les décideurs à revoir la manière d’at- teindre les Objectifs du millénaire », relève l’OMS. Jack Sim, lui, propose la solution des Sanishop, des franchises qui permettent de développer toute la chaîne de production des toilettes et de former des gens pour leur ap- prendre à en fabriquer et développer leur propre business.

Au Kenya, le fléau des « toilettes volantes ». Faute de W-C et d’eau courante, les habitants du bidonville de Kibera, dans le centre de Nairobi, la capitale du Kenya, ont adopté les peu hygiéniques « toilettes volantes ». Il s’agit de sacs en plastique dans lesquels ils font leurs besoins avant de s’en débarrasser en les faisant atterrir dans la rue.

Domoclick.com avec l’AFP

** IDÉE BUSINESS : LES TOILETTES SHOP en Belgique.
http://www.widoobiz.com/chroniques/recherche-innovation/la-chronique-de-benjamin-chaminade/idee-business-les-toilettes-shop/36156

*** World Toilet Organization:
http://worldtoilet.org/