Tandis que les GAFA et les BATX rachètent des start-ups et les talents à l’intelligence non-artificielle qui vont avec, et font le choix de se concentrer sur une intelligence artificielle basée sur le deep learning, Bruno Maisonnier, le «père» des robots humanoïdes Nao et Pepper, y voit une opportunité de développer une autre intelligence artificielle, plus proche du fonctionnement du cerveau humain. Bonne stratégie puisqu’il vient de lever de nouveaux capitaux pour mettre en oeuvre AnotherBrain ! Récit par Frenchweb***

Bruno Maisonnier, fondateur et CEO d’AnotherBrain. Crédit : Decode Media.

En mars 2018, le député mathématicien Cédric Villani s’inquiétait de ne pas voir la France figurer dans le Top 5 des pays déployant l’intelligence artificielle, l’Hexagone étant devancé par les États-Unis, la Chine, le Royaume-Uni, le Canada et Israël. Dans la foulée, il remettait son rapport sur le sujet à Emmanuel Macron, qui s’est appuyé sur les recommandations de Cédric Villani pour dévoiler un plan à 1,5 milliard d’euros pour faire de la France un leader mondial de l’intelligence artificielle. Une somme qui paraît dérisoire au regard des efforts consentis par les GAFA et les BATX.

Cependant, tous ces géants ont fait le choix de se concentrer sur une intelligence artificielle basée sur le deep learning. Une aubaine aux yeux de Bruno Maisonnier, le «père» des robots humanoïdes Nao et Pepper, qui y voit une opportunité de développer une autre intelligence artificielle, plus proche du fonctionnement du cerveau humain. Dans ce cadre, il a créé en 2017 la start-up AnotherBrain (dont le nom signifie littéralement «un autre cerveau») pour développer une solution d’intelligence artificielle, baptisée «Organic AI», qui s’inspire directement du fonctionnement élémentaire du cortex cérébral.

De cette manière, l’intelligence artificielle élaborée par la jeune pousse française va plus loin que les réseaux de neurones artificiels reposant sur le deep learning puisqu’elle est capable d’apprendre d’elle-même, sans supervision humaine, et d’expliquer ses décisions. «Notre technologie ne repose pas sur d’énormes bases de données issues d’exemples précédents, elle analyse plutôt ce qu’elle perçoit et peut donc expliquer ses décisions. Notre ambition est de construire une IA puissante et plus humaine, acceptable pour les entreprises (certification) et les consommateurs (vie privée)», explique Bruno Maisonnier. Un pari ambitieux mais pas impossible pour celui qui estime «qu’il faut sauter une génération pour se donner une chance d’être un leader de l’intelligence artificielle». Il fait ainsi référence à la troisième génération d’intelligence artificielle attendue par la DARPA, l’agence américaine chargée d’identifier et de développer les nouvelles technologies destinées à un usage militaire.

Une puce IA bientôt disponible

Après avoir levé 10 millions d’euros en février 2018 pour mettre sur orbite ce projet, la société annonce aujourd’hui un nouveau tour de table en série A de 19 millions d’euros mené par SEB Alliance et Robinson Technologies. Des business angels issus de familles industrielles, comme Laurent Dassault, ainsi que les investisseurs historiques, Alpha Intelligence Capital, Daphni et Cathay Capital, ont également participé à l’opération. Une extension de ce tour de table en série A devrait être bouclée d’ici la mi-décembre. En attendant ce complément d’investissement, le nouveau financement porte à 35 millions d’euros le montant total levé par AnotherBrain depuis sa création.

Ce nouvel apport financier doit permettre à l’entreprise de passer un nouveau cap dans la commercialisation de sa technologie. Pour l’heure proposée sous la forme d’une solution logicielle, celle-ci sera prochainement accessible sur une puce d’intelligence artificielle. «Les premières solutions commerciales sont actuellement testées par des entreprises du Fortune 100, avec une disponibilité générale début 2020. Notre technologie permet de transformer chaque capteur en capteur intelligent renvoyant l’interprétation des signaux plutôt que le flux de données brutes. Cela permettra de généraliser l’approche d’AnotherBrain, notamment en aidant les voitures à atteindre la conduite totalement autonome (niveau 5) d’ici le milieu de la prochaine décennie», indique Bruno Maisonnier. Outre l’automobile, la technologie d’AnotherBrain s’adresse également aux secteurs de l’Internet des objets et de l’automatisation industrielle.

AnotherBrain, les données clés :
Fondateur : Bruno Maisonnier

Création : 2017

Siège social : Paris

Effectifs : 38 collaborateurs

Secteur : Intelligence artificielle

Activité : solution d’intelligence artificielle sans assistance humaine

*** La liste des startups et entreprises de la FrenchTech selon Frenchweb:
https://www.frenchweb.fr/les-start-ups-et-societe-frenchtech

Retrouvez notre interview de Adrien Geoffrey à INNIROBOT en mars 2014 à Lyon (salon co-créé par Bruno Maisonnier) :
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