Les niveaux de gaz carbonique, le principal coupable du réchauffement de l’atmosphère, sont actuellement 27% plus élevés qu’à n’importe quel moment au cours des 650.000 dernières années, a déterminé une équipe de chercheurs internationaux dans une étude publiée jeudi 24.
Cette étude, qui repose sur l’analyse de carottes de glace extraites des zones les plus hostiles de l’Antarctique, semble démontrer le rôle majeur de l’homme dans les récentes modifications du climat de la planète, objet de la conférence internationale qui s’ouvre lundi 28.11 à Montréal (Canada). Un groupe de scientifiques européens, dont des équipes du CEA et du CNRS français, a effectué sur le site de Dome Concordia (Dome C), dans l’est du continent blanc, le forage sur glace le plus profond jamais réalisé jusqu’ici. Mené dans des conditions extrêmes, au milieu des blizzards et par des températures moyennes de l’ordre de -54°C, ce forage a permis de ramener à la surface des carottes de glace produite par l’accumulation de neige tombée il y a quelque 650.000 ans, bien avant l’apparition de l’homme moderne.
L’analyse du gaz carbonique piégé dans ces carottes de 10 centimètres d’épaisseur n’a pas permis de retrouver des concentrations de C02 dans l’atmosphère comparables à celles d’aujourd’hui (380 ppm). Les niveaux de gaz carbonique dans l’atmosphère ont commencé à s’accroître avec la révolution industrielle, avec l’utilisation à grande échelle du charbon comme source d’énergie. Au cours des dernières décennies, le rythme s’est accéléré avec l’industrialisation de nombreux pays et la multiplication des automobiles. Avant les débuts de l’industrie, la concentration de CO2 ne dépassait pas 278 ppm. Ses niveaux d’aujourd’hui sont supérieurs de 27% à leur niveau le plus haut des 650.000 dernières années, selon l’étude publiée dans le magazine scientifique américain Science. Les forages effectués au Dome C par les scientifiques des 10 pays européens participant au projet EPICA (""European Project for Ice Coring in Antarctica""), a permis de battre de 210.000 ans le précédent record, qui était jusqu’alors détenu par un autre forage antarctique, à Vostok. ""Nous avons ajouté un autre élément d’information montrant que les périodes pendant lesquelles les hommes ont changé la composition de l’atmosphère sont extrêmement courtes au regard des cycles naturels du système climatique"", a commenté l’auteur principal de l’étude, Thomas Stocker, de l’Institut de Physique de l’Université de Berne (Suisse).
La suite de l’article en anglais sur BBC News: http://news.bbc.co.uk/1/hi/sci/tech/4467420.stm