Energie, domotique, matériaux , la dernière édition du Journal du CNRS fait un joli plongeon dans le futur-immédiat de l’habitat au moment où l’actualité est la plus chaude. Quand le gouvernement Villepin annonce le projet d’implantation de 5000 éoliennes (rapport PPI), quand le diagnostic de performances énergétiques des bâtiment (DPE) prépare sa mise en application dès le 1er juillet 2006 et que le standard numérique de l’Alliance WIMEDIA passe en force en annonçant l’approbation de son standard UWB par Ecma International ( basé sur la plate-forme radio commune WiMedia Ultra-Wideband UWB).

Tandis que se referment les portes de Batimat 2005, le salon international de la construction, Le journal du CNRS nous invite à pousser celles de la maison du futur car dans leurs labos les innovations fusent. Matériaux aux propriétés révolutionnaires, poussée des énergies renouvelables, technologies domotiques en pleine floraison… Les bâtiments se tournent résolument vers l’avenir, au nom d’un double principe : mieux construire pour alléger la facture énergétique et rendre maisons et bureaux de plus en plus « communicants ». Par ici la visite sur 4 étages thématiques !

La maison du futur ? Solaire et autonome ! » On se pincerait presque pour vérifier qu’une faille spatio-temporelle ne vous a pas expédié d’une pichenette dans les années soixante-dix, à la belle époque des rêves écologistes. Mais non. Christophe Ménézo, coordonnateur de la thématique « Énergétique des systèmes solaires » au Centre de thermique de Lyon (Cethil) 1, vit de plain-pied dans le xxie siècle et brandit de solides arguments : « Vu le contexte international de la limitation des émissions de gaz à effet de serre et les incertitudes planant sur les ressources énergétiques fossiles, l’énergie solaire est forcément une solution d’avenir que l’on ne peut plus occulter en France pour répondre aux besoins en électricité, en chaleur et en froid de l’habitat . et pour s’orienter vers une autonomie à l’échelle de la maison individuelle, du bâtiment collectif et tertiaire, sinon du quartier », tant il s’avère indispensable que le bâtiment ne se comporte plus en simple consommateur d’énergie mais progresse en sobriété et accède au rang de producteur. D’ailleurs, le 30 septembre 2005, le Cethil a inauguré un nouveau laboratoire commun avec EDF, baptisé « Bâtiments haute efficacité énergétique », entièrement dédié à une meilleure utilisation des différentes formes d’énergie et à la maîtrise des besoins.

Nul n’est prophète en son pays, refrain usé, mais une chose est sûre : l’habitat et le tertiaire sont responsables en France de la production d’environ 90 millions de tonnes de CO2 par an, sur un total de 385 millions de tonnes. Le plan « Climat 2004 » ambitionnant de diviser par quatre les rejets hexagonaux d’ici à 2050, renforcer la place du solaire et des autres énergies renouvelables sur – et sous – nos toits ne serait pas un luxe. Las, une grosse ombre, pour l’heure, plombe l’horizon : le maigre nombre des acteurs économiques concernés par le sujet, à tous les niveaux (conseillers, bureaux d’études, fabricants, installateurs). « Durant la décennie 1970-1980, on a pu compter jusqu’à 60-70 fabricants de capteurs solaires thermiques. Ce nombre a fortement diminué à ce jour… », constate Christophe Ménézo. Autre handicap, la vitesse poussive de renouvellement du parc immobilier (1 % par an), sachant qu’il est plus ardu de greffer du solaire sur du bâti existant que d’en adjoindre à du neuf. Quant à la motivation des décideurs… « En Espagne, fait observer Jean-Bernard Saulnier, directeur scientifique adjoint du département des Sciences pour l’ingénieur (SPI) du CNRS, en charge du dossier de l’Institut national de l’énergie solaire (Ines) 2, tout projet de nouveau bâtiment doit intégrer un apport solaire. On en est loin dans bien des régions françaises qui connaissent pourtant un taux d’ensoleillement important » et ce, malgré certaines incitations fiscales.

Les projets technologiques qui mitonnent pour concevoir un habitat « zéro énergie » (c’est-à-dire générant autant d’énergie qu’il en consomme ou ne consommant aucune énergie fossile), voire à « énergie nette positive » (produisant plus d’énergie que nécessaire) n’en mettent pas moins en appétit, qu’il s’agisse, d’abord, du solaire photovoltaïque dévolu à la production d’électricité 3 ou du solaire thermique 4 voué au rafraîchissement des bâtiments. « En vingt-cinq ans, le prix de revient du watt photovoltaïque a considérablement baissé. De plus de 100 euros en 1975, il est aujourd’hui tombé aux environs de 2 euros », rappelle Jean-Claude Muller, chargé de mission du département des Sciences et Technologies de l’information et de la communication (Stic) au programme Énergie du CNRS et ingénieur de recherche à l’Institut d’électronique du solide et des systèmes (Iness) 5. La voie technique et industrielle la plus avancée ? Le silicium cristallin, un matériau abondant sur Terre, parfaitement stable et non toxique qui a conquis plus de 93 % du marché. « L’avenir, concernant ces cellules dont les rendements 6 de conversion industriels atteignent 16 à 17 % sur de grandes surfaces, passera par une réduction de l’épaisseur des plaquettes et surtout des coûts », poursuit le même expert. À moins que le silicium ne passe tout bonnement la main…

PROGRAMME ENERGIE : UN CREUSET D’INNOVATIONS  

Depuis près de vingt ans, le CNRS soutient les recherches sur l’énergie, via divers programmes interdisciplinaires (Pirdes, Ecotech, Ecodev…). Lancé en 2002 sous sa forme actuelle, le programme Énergie, qui a reçu le soutien de la DGA et du ministère de la Recherche, est destiné à animer, coordonner et promouvoir, au sein du CNRS et dans les formations qui lui sont associées, les recherches susceptibles de déboucher sur des modes innovants de production, de stockage et de gestion de l’énergie. Le programme Énergie repose sur trois principes : la réflexion prospective au sein de groupes d’analyse thématique (GAT) . les appels à proposition, destinés à animer, coordonner et promouvoir des domaines de recherche identifiés dans la phase de réflexion . enfin, les projets de recherche, d’une durée de deux ou trois ans, qui peuvent être considérés comme des laboratoires académiques sans murs, avec un objectif bien défini. Les principales avancées sont expertisées et présentées lors d’un colloque annuel. La poursuite du programme se déroulera dans le cadre de la toute jeune Agence nationale de la recherche.

Source : http://www2.cnrs.fr/presse/journal/2535.htm