Si la jeune pousse belge Turbulent a été élue « start-up de l’année 2015 » c’est autant pour sa technologie que pour son concept simplissime… Et même emprunt d’une délicieuse régression ! L’idée de Jasper Verreydt et de son associé Geert Slachmuylders : remplacer les anciens moulins à eau par des turbines à vortex dernier cri de leur conception. Rien qu’en Europe, 350 000 sites potentiels ont été identifiés ! Interview réalisée en partenariat avec KIC InnoEnergy, société européenne de soutien à l’innovation, la création d’entreprise et la formation dans les énergies durables avec Baptiste Roux Dit Riche / Cleantech Republic.

Cleantech Republic : Pouvez-vous décrire votre innovation ?

– Jasper Verreydt : Il s’agit tout simplement de la version moderne des moulins à eau : une turbine actionnée par un cours d’eau de petite taille, produisant de l’électricité renouvelable.

Est-ce vraiment nouveau ?

-JV: À cette échelle oui. Les grands producteurs d’électricité pratiquent effectivement le turbinage au fil de l’eau, mais pour de très grandes puissances : sur des fleuves, avec des barrages, et des impacts significatifs sur l’environnement. Notre turbine est très différente. D’abord parce qu’elle utilise le principe du vortex, qui offre une efficience mécanique optimale, même avec une petite chute d’eau (3 mètres suffisent). Ensuite parce qu’elle ne nécessite pas de travaux de génie civil (pas de barrage) et qu’elle laisse passer les poissons. Et enfin parce qu’elle offre de petites puissances (de 5 à 100 kw) à des coûts raisonnables, à l’achat, pour l’installation, et pendant l’exploitation (maintenance aisée). Cela ouvre totalement le marché de l’électricité hydraulique.

Jusqu’aux particuliers ?

-JV: Bien sûr. À commencer par tous les propriétaires d’un ancien moulin à eau : entreprises, particuliers, municipalités… mais de nombreux sites seraient faciles à équiper : environ 350 000 rien qu’en Europe selon une récente étude de Restore HydroPower. Avec un retour sur investissement de l’ordre de 5 ans, et la perspective d’auto-consommer 100% de sa production, nous pensons que notre turbine présente un intérêt commercial évident.

Vous allez donc vendre vos turbines aux clients finaux ?

-JV: Pour le moment, nous analysons les données de notre premier prototype, installé en janvier 2016 : la production d’énergie est conforme à nos attentes, mais nous devons encore travailler sur l’optimisation, l’intégration, et l’industrialisation des sous-systèmes. Nous espérons lancer la commercialisation fin 2016. D’abord en vente directe, en sous-traitant la fabrication et l’installation. Puis probablement via un modèle Energy as a Service, dans lequel nous supporterons l’investissement et l’exploitation, contre une formule d’abonnement/consommation. À plus long terme, nous serons probablement amenés à licencier la technologie pour entrer sur des marchés à l’international.

Comment financez-vous votre développement ?

– JV: Nous sommes relativement raisonnables sur ce point ! L’amorçage réalisé par KIC InnoEnergy (et les différentes aides et subventions obtenues) en 2015, représente 250 000 €. Nous allons réaliser un 1er tour en 2016 pour le même montant. Pour la suite, il faudra probablement un second tour plus significatif, mais nous sommes attachés à conserver une certaine frugalité capitalistique. Nous sommes d’ailleurs très bien accompagnés par KIC InnoEnergy dans cette recherche d’efficience. Ils nous aident bien au delà du financement : brevets, juridique, marketing et vente, technologie… Après tout, comme l’énergie, l’argent est une ressource précieuse. Inutile de gaspiller !

Source de l’interview:
http://www.kic-innoenergy.com/

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