La Semaine Européenne de la Réduction des Déchets, inscrite dans le cadre de la campagne nationale « Réduisons nos déchets, ça déborde », est un moment fort de mobilisation autour de la prévention de la production de déchets. A travers des actions de sensibilisation et d’information, elle a pour objectif de donner des clés à tous pour agir au quotidien. Si cette 4ème semaine s’achève, l’objectif perdure. D’autant plus que la France accuse un retard sur la réduction des matières plastique avec une peu enviable 21e place européenne, selon une étude publiée jeudi 22. Un appel à ce que l’incontournable dérivé du pétrole cesse totalement de finir à la décharge alors que la France a le savoir-faire pour transformer ces plastiques en énergie.

Plusieurs produits en plastique fabriqués en Chine

Si l’expérimentation européenne pilotée par l’ADEME a pris fin mi-juillet 2012, l’événement ne disparaît pas pour autant. 33 des 34 pays et territoires organisateurs qui sont engagés depuis 2009 ont l’intention de pérenniser leurs actions. Quant aux porteurs de projet européens 95% d’entre eux ont indiqués qu’ils réitéreraient leur participation à l’édition 2012.

Face au succès de cette Semaine, de nouveaux territoires européens comme la Bulgarie, la Hongrie, la Crète, le comté de Merseyside and Halton au Royaume-Uni et la capitale de l’Islande Reykjavik rejoindront l’événement pour cette édition 2012, mais aussi le Bénin via l’association « Ami de l’Afrique francophone », pour une mobilisation plus étendue.

Cette année, 4 thèmes d’actions communes ont été sélectionnés :
-Lutte contre le gaspillage alimentaire
-Réparation / réemploi
-Réduction du suremballage
-Réduction du papier (journée ou semaine pour les cibles : écoles, entreprises, collectivités / administrations, associations).

Ces thèmes font l’objet de fiches pratiques qui comprennent une description du contexte de la réduction, un argumentaire (les bons gestes associés à ce thème ou à cette action), le principe / le déroulé de l’action et la méthode de mesure des actions (ex : pesée des déchets). Enfin, des outils de promotion spécifiques à ces actions (affiches, tableaux de pesée!) sont mis à disposition sur le site www.reduisonsnosdechets.fr*** (rubrique Outils / des idées d’animation).

Déjà 4 ans de mobilisation et toujours plus d’actions

La SERD a permis aux porteurs de projet de mettre en œuvre plus de 14 000 actions sur la thématique des déchets depuis 2009. De 2 672 actions en 2009, le compteur est passé à 7 035 en 2011, soit une augmentation du nombre d’actions de plus de 160% sur 3 ans. Comme chaque année, les 5 actions les plus emblématiques de la SERD 2011 ont été récompensées lors de la cérémonie finale qui s’est déroulée le 19 juin 2012 à Paris devant près de 450 personnes.

L’invasion du plastique pèse 280 millions de tonnes (28.000 tours Eiffel)

Le plastique est partout dans notre vie quotidienne. Un progrès qui devient préoccupant puisque l’industrie du plastique ne parvient pas en France à recycler sa production en hausse de + 5% sur un an, le triple d’il y a 30 ans, selon Plastics Europe.

Seulement un cinquième (19,2%) des 3,3 millions de tonnes de plastique mis au rebut l’an passé dans l’Hexagone a eu droit à une deuxième vie, selon des chiffres publiés par Plastics Europe, la fédération européenne de l’industrie du plastique. C’est mieux qu’en 2010 (17,5%), notamment grâce à de gros progrès dans l’automobile et les objets électroniques ou électriques. Mais au rythme actuel, il faudrait encore 20 ou 40 ans pour que tous les plastiques soient recyclés ou du moins brûlés dans un incinérateur pour produire par exemple de la chaleur, selon Michel Loubry, le directeur de Plastics Europe pour l’ouest du Vieux Continent.
« Nous souhaitons qu’il n’y ait plus un seul déchet plastique valorisable qui aille en décharge d’ici 2020 », a-t-il plaidé jeudi 22 lors d’une conférence de presse.

Si cet effort était fait au niveau européen, c’est plus d’un milliard de barils de pétrole d’une valeur de près de 80 milliards d’euros qui pourraient être économisés, a-t-il souligné.
De nouvelles bouteilles, mais aussi des couettes, des pulls, des films d’emballage, des bacs, des tubes… jusqu’à récemment le fil d’une robe de haute couture en Italie: les usages potentiels d’une simple bouteille d’eau minérale sont immenses. Mais la France a encore beaucoup de chemin à faire. Elle apparaît au 21e rang sur 29 pays (Union européenne plus Suisse et Norvège) du classement annuel établi par Plastics Europe.

Sanctionner pour encourager le tri en amont

En prenant en compte l’incinération (moins vertueuse que le recyclage mais plus que la décharge), la France remonte au 10e rang avec 60,9%. Mais elle est là aussi très loin des neuf premiers pays (Benelux, Scandinavie, Allemagne, Autriche et Suisse), qui sont tous au-delà des 90%.
Comment progresser? Eco Emballages, l’organisme qui gère le recyclage des emballages ménagers expérimente actuellement une extension du tri du plastique auprès 3,7 millions de Français: il s’agit de séparer tous les emballages plastiques, et non plus les seuls bouteilles et flacons.
Les premiers enseignements de cette expérience ont été positifs, avec une augmentation des tonnages collectés (+13%), même si de nouvelles erreurs de tri sont apparues (brosses à dents, jouets, pots de fleurs, etc.)
Côté industriels, les gros efforts à faire concernent les films servant à emballer les palettes de livraisons, les fûts et divers types de conteneurs ou encore les grandes caisses et cales en polystyrène, souligne Vincent Colard, chargé de mission environnement à la fédération de l’emballage Elipso.

« Il y a des choses qu’on n’arrivera pas à recycler,
Exemple, les tubes de rouge à lèvres ou les dosettes de café qui mélangent métal et plastique. Ou d’autres qui ne sont plus recyclables, les déchets ultimes. Mais sinon quand il y a un volume suffisant pour avoir un modèle économique, techniquement on peut le faire », souligne-t-il.
Autre piste: assortir l’obligation de ne pas mettre le plastique en dépôts d’ordures d’un pouvoir de sanction, ou encore augmenter les taxes de mise en décharge pour encourager le tri en amont. Cette hausse des taxes risque toutefois de faire grincer des dents chez les grands opérateurs de ces « centres de stockage » comme Veolia ou Suez Environnement, reconnaît une professionelle du recyclage.

*** L’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie, l’ADEME co-organise la Semaine Européenne de la Réduction des Déchets du 17 au 25 novembre :

http://www.reduisonsnosdechets.fr/

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